Alors que deux femmes sont brûlées vives sur la place du village, un bébé albinos vient au monde. Rejeté par un père qui n’a aucune considération pour lui, Martino trouve un peu d’affection auprès de ses sœurs qui veillent tendrement sur lui. Victime de sa différence, il est le coupable désigné de tous les maux de cette société médiévale qui a vite fait de l’ostraciser. Trouvant refuge dans la forêt auprès des insectes, il y rencontre Viviana qui vit entourée de ses animaux dans une petite chaumière…
Pour fuir le bannissement imposé par son père, l’enfant se réfugie chez Viviana chez qui il grandit heureux et s’épanouit au contact d’une communauté de femmes qui tentent de survivre loin du village et des croyances imposées par l’église. A leur contact, Martino choisit qui il veut devenir et souhaite à son tour être une « sorcière ».
Rebis est une très belle bande dessinée au graphisme soigné qui met en avant un bel élan de solidarité entre femmes, trop souvent victimes du jugement des hommes. Ici le message tend à dénoncer le rejet de la différence (la maladie, l’identité de genre, l’orientation sexuelle…) qui prend forme dans les chasse aux sorcières.
Touchant, le récit valorise ses personnages féminins, plus enclines à la tolérance, dans l‘entraide et la solidarité qu’elles se prodiguent les unes aux autres. La relation de Martino et Viviana est particulière belle et sincère. Ensemble, ils trouvent la force de vivre et d’affronter les préjugés de leur époque.
Avec son message féministe et ses personnages atypiques, Rebis avait tout pour me plaire et, c’est dans les scènes les plus lentes que j’y ai trouvé le plus à voir : les instants de partage, la connexion à la nature et l’attachement des personnages prenant forme dans des planches d’une belle expressivité contemplative. Coup de cœur !