L'auteur de ce Reset tisse un polar fort intéressant, directement né de la lignée cyberpunk insufflée par Matrix et autres Ghost in the Shell. Si la quasi-totalité de l'intrigue tient solidement la route, on peut regretter quelques faiblesses, notamment dans le background des personnages qui est beaucoup trop survolé pour les rendre totalement attachants. Certaines incohérences dans la narration viennent s'ajouter à la toile, contrairement au scénario qui lui reste pertinent dans son délire, si on fait bien entendu abstraction de la représentation obsolète que l'auteur se fait des jeux vidéos (c'est le début des années 2000, on pardonne). Le format très court du manga est à la fois une bonne chose mais aussi un défaut car l'histoire paraît bâclée alors qu'elle proposait au départ des éléments passionnants. On est loin d'une psychologie très poussée, comme a pu nous offrir un certain Death Note quelques années plus tôt, et on se retrouve ici avec un lointain cousin qui n'arrive pas à surpasser son évident modèle, malgré des idées plutôt foisonnantes. Cette impression d'inachèvement est renforcée par le final qui manque cruellement de rebondissements supplémentaires, et s'alourdit même d'une morale assez banale sur les dangers des mondes virtuels, alors qu'on pouvait s'attendre à une vraie réflexion, bien plus profonde sur le sujet. Bien que l'œuvre souffre de quelques maladresses, elle se lit agréablement, et si le dessin est légèrement quelconque, la mise en scène, elle, est au rendez-vous.