Il était une fois le 11 septembre

EDIT : relecture de l'album à la date du 24/02/2016 (note inchangée).

En relisant toute la saga, je me suis dit que j'allais peut-être être plus tendre avec ce 13ème tome. Je me suis dit qu'une des raisons de ma sévérité, c'est que je l'ai attendu et lu très vite après sa sortie, ce qui peut rendre soit plus indulgent, soit plus sévère. Le relire à tête reposée deux ans plus tard n'était donc pas du luxe. Surtout que j'ai également constaté que les précédents tomes ne sont pas forcément très bons non plus. Mais à n'en pas douter, cet album-ci est le pire de la saga.

Le scénario, je le répète, est du grand n'importe quoi. Tome impose de longs dialogues tirés de ses recherches personnelles. C'est bien joli tout ça, mais il ne oublie de raconter une histoire, et puis en plus, comme il doit tout résumer, tout cela paraît un peu trop grossier ; en d'autres termes, toute la recherche documentaire est maladroitement exposée, exploitée. Et l'histoire qui en dépend est très mal ficelée. Pour une fois, l'album paraît trop long : Soda met du temps à trouver son objectif, puis il met du temps à l'atteindre... ce qui l'aidera dans sa quête : des informations que Bab's pêche au fur et à mesure. Le truc très linéaire, sans rigueur, qui pourrait envoyer Soda aussi bien dans les tréfonds de New-York qu'au Kremlin. Histoire d'amener quelques temps forts, de temps en temps, Soda est interrompu par des personnages secondaires, voire des drones. Et là, comment prendre cette histoire qui se veut si sérieuse au sérieux, quand trois flics vident leur chargeur en plein jour sur un drone qui vole anormalement bas (ben oui, les drones n'ont pas besoin de voler si bas pour amener de bonnes images) ? C'est complètement dingue de faire ça ! Les dialogues sont mal torchés aussi, Mary parle presque comme un jeune par moment... Sans parler des grosses ficelles ou des coups de théâtres. Le coup de Pronzini ça ne passera tout simplement jamais. Si l'album avait pour but de lui donner une profondeur, c'est tout l'inverse qui se passe. Quant à la fin, ça me paraît juste improbable que ce soit Mary... J'attends déjà l'explication farfelue qui justifiera la présence d'un autre corps.

Le dessin n'est vraiment pas top... Dan surcharge chacune de ses pages, ça devient vite très brouillon. Le découpage n'est pas très efficace, la grammaire cinématographique est nettement moins bien exploitée que lors du règne de Gazzo. Et puis tout cela manque de rigueur dans le trait, dans les proportions. Mary a une tronche différente à chaque page. Le langage corporel est correcte, mais les tronches sont pour la plupart très moches. Le canon des personnages est plus proches de celui de Warnant que de celui de Gazzo, en plus cartoonesque (ce qui, une fois de plus, n'aide pas par rapport au ton sérieux voulu). Pour ce qui est des couleurs, Stuf est de retour : il délivre là un travail proche des premiers albums, des couleurs ternes et beaucoup de bleu.

Bref, une belle daube ce treizième album. Espérons que le prochain soit mieux écrit et mieux dessiné. Ha, et mention spéciale pour le 'terroriste' qui se balade à poil avec des lunettes de soleil dans l'obscurité... je n'ose pas imaginer à quel genre de fétichisme il s'adonnait avant que Soda ne l'interrompe...

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Vieille critique

Ha j'y croyais pourtant. En voyant des extraits de planches, je pensais même que la promotion de Dan auprès de Tome se révèlerait efficace. Finalement je suis déçu. Déçu de tout. Scénario comme dessin.

Le scénario de Tome est très mal cousu. Le côté paranoïa ne mène à rien, les réactions des personnages semblent improbables (sans parler de l'absence de réaction par la foule par exemple), les 'résolutions' (ou plutôt les avancées de scénario) viennent de nulle part, les explications sont bien trop nombreuses (d'ailleurs l'album peine à démarrer parce que l'auteur perd beaucoup de temps à rappeler qui est Soda, chose qu'il faisait avant en deux pages), les résolutions faciles (on sait bien que l'auteur n'osera pas sacrifier un tel personnage, que c'est un leurre), les coups de théâtre sont vraiment très mal orchestrés et font rire (Pronzini, vraiment???). C'est un peu comme si Tome avait perdu son univers après ces années. On ne resent plus la même ambiance, les personnages secondaires ont perdu de leur saveur (juste parce que l'auteur ne les exploite que trop peu pour ce qu'ils sont).

Côté dessin, je pensais le choix de Dan juste et pertinent. Et en effet, en voyant les cases on dirait bien un mix entre le trait de Janry et celui de Gazzo... en plus brouillon. En soi, le brouillon ne me dérange pas, sauf que je ne l'ai pas trouvé abouti ici. Certaines cases sont plus soignées, d'autres non. Ne fut-ce que les phylactères ont l'air de pendouiller. Et puis surtout, Dan ne maîtrise pas ses personnages. Iol n'y a qu'à prendre Soda ou sa mère, c'est ce qu'il y a de plus flagrant : à chaque page, leur tête est un peu différente. Le dessinateur n'arrive pas à respecter un canon. En parlant de canon, on en revient à un trait plus arrondi à l'instar d'un Luc Warnant ; en soi, ce n'est pas dérangeant. Mais l'on regrette que le dessinateur ne parvienne pas à affirmer davantage son propre style... Peut-être dans le prochain album ? Niveau découpage, j'ai trouvé beaucoup de points de vue spectaculaires assez gratuits, voire inutiles. Certains cadrages ne mettent même pas vraiment en valeur l'action ni les personnages. C'est un peu dommage. On sent aussi un peu trop l'emprunte de Gazzo, avec certains cadrages qui semblent directement recopiés de vieux albums...

Bref, une déception à tous les niveaux. Ha, je m'aperçois que j'ai oublié de regarder qui était le coloriste de cet album (Stuff toujours?). Les couleurs sont bien, elles collent au trait boruillon (ça dépasse parfois). Pour le reste, ça ne vaut pas vraiment le coup d'acheter l'album (je l'ai lu en librairie et vu l'état de mon compte en banque, je n'ai vraiment pas envie d'ouvrir mon portefeuille pour ça).