Bon…
C’est avec des tomes comme ceux-là que je me dis qu’il n’y a vraiment pas grand-chose à espérer de la saga « Sillage » à part quelques heureux accidents de temps en temps.
Parce que là, c’était assez manifeste que le duo Buchet-Morvan ont cherché à faire de ce tome un épisode pivot de leur saga.
On revient sur la planète des débuts, là où on a trouvé Nävis.
On relance toute l’intrigue autour de la tentative de terraformation lancée par… Par… Mais si l’autre là… Gnnnnnquelque-chose-je-sais-plus-trop-quoi… (Ça va me revenir. Laissez-moi quelques lignes…)
Et puis surtout on entend creuser les origines de l’héroïne tout en la posant dans une situation de rupture avec Sillage.
Bref, ce tome entend se poser comme un tournant.
Alors certes, ce « Retour de flammes » nous donne un peu à manger, c’est certain.
…Mais d’un autre côté, ce serait mentir que de dire que ce fut le feu de joie.
Dans les faits, ça reste quand-même un peu tristoune.
Tristoune d’abord parce que je trouve quand-même bien compliqué de s’attacher à qui que ce soit dans ce tome.
On a beau nous ressortir… Mais si là ! Roh ça va bien me revenir ! Comment ai-je pu oublier le nom de…
…Ah bah en fait si : je sais pourquoi je l’ai oublié ! Je l’ai oublié parce qu’on s’en FOUT !
Mais qui, arrivé à ce tome 10, avoir encore gardé un minimum d’attention et de souvenir à l’égard de Gnnnquelquechose ? …Franchement ?
OK le gars a voulu sauver les siens ce qui peut en faire un personnage aux nobles intentions. Mais néanmoins, ce n’est pas parce qu’on a de nobles intentions que ça fait de vous un personnage noble.
Pour qu’un personnage soit noble, pour qu’une situation soit marquante, ou pour qu’une intrigue prennent aux tripes, il faut qu’à un moment donné il y ait quelque-chose qui nous fasse nous projeter – nous lecteurs – dans ce qui nous est raconté.
Et pour cela, il faut savoir créer des situations cornéliennes qu’on n’évoque que par sous-entendus. Ce n’est qu’à partir du moment où le lecteur est contraint de projeter son humanité dans une situation afin de la comprendre qu’il devient impliqué.
Dans « Sillage », on n’est assez loin de ça.
On pense qu’il suffit de faire tuer le chat d’un personnage ou de présenter la noblesse de la cause qu’il l’anime pour que – mécaniquement – on se prenne d’empathie pour lui.
Mais – eh – ça ne marche pas comme ça les gars !
Déjà que vos personnages sont plats et moches, si en plus vous ne prenez pas la peine de les mouvoir comme il se doit, au bout d’un moment ça va devenir compliqué.
Au fond, la manière dont est traité Gnnnquelque-chose dans ce tome est pour moi symptomatique de tout ce tome, pour ne pas dire de toute cette saga.
Le personnage réapparait dans la boucle à la fin du tome précédent sans qu’on sache trop pourquoi.
Nävis se décide de l’aider – bon pourquoi pas – mais ça reste difficile de la soutenir tant il est difficile de ne pas s’agacer pour tous ses petits cacas nerveux de sale gosse.
Et voilà qu’on se retrouve sur cette foutue planète afin qu’on puisse faire un peu de backstory sur Nävis.
Au final, à bien tout prendre, on nous a quand-même servi la portion congrue.
On résout un mystère qu’on nous a quasiment créé au début du tome pour ensuite nous en laisser un autre sous la main sans qu’il ne nous terrasse pas non plus d’un immense mystère.
(…Je fais ici référence aux origines de ce monstre mécanique. Le pire c’est que je ne suis même pas certain qu’on nous en reparlera par la suite.)
Tout ça pour ressortir d’un tome qu’on nous annonçait comme un tournant mais qui au final n’est qu’un petit virage sur une autoroute bien morne.
Malheureusement, je ne pense pas que le problème de « Sillage » soit l’intention ou l’ambition.
Je crois vraiment que le problème de « Sillage » c’est un manque d’horizon.
Car pour alimenter une belle saga, à un moment donné il faut aussi du carburant intellectuel et culturel. Et ce n’est clairement pas avec un camping-gaz qu’on va réussir à accomplir le plus impressionnant des shows pyrotechniques.