Un peu d’essoufflement au scénario dans ce volume Révélations.
Mutafukaz conserve le rythme dynamique, débridé, qui fait son identité, continue de s’appuyer avec art sur les variations de styles, mais trop de chapitres s’éloignent des deux héros pour aller planter un décor environnant (probablement utile pour la suite – on l’espère), en brisant l’énergie, la tension, l’entrain du récit.
De très belles séquences malgré tout. Dès l’ouverture sur les origines, un papillon de nuit à tête de mort survole le berceau du bébé Lino, les poubelles sales d’une ruelle sombre. Plus loin, l’assaut d’une base secrète et l’évasion se racontent façon vieux comics, noir et blanc sur papier épais, aplats rouge sang sur la fin. Run emploie la recette éprouvée des tomes précédents en s’amusant, et instille par doses les éléments familiers du récit : le lien entre Lino et ses cafards, les crânes de cristal des vengeurs, un portrait volé de Danny Trejo, une planche christique de Lino inconscient dans les bras des lutteurs masqués éplorés. Mais il s’y éparpille un peu, ralentit son récit en répétant d’inutiles séquences contextuelles. Variations thématiques.
Même la révélation annoncée n’est pas si surprenante, au contraire.
C’est encore un plaisir pour les yeux, et le premier tiers est prenant, mais.
La fin de l’épisode traine loin de l’essentiel, c’est dommage.
Matthieu Marsan-Bacheré