Après sept ans de séparation, le couple inséparable Schuiten et Peeters rempile pour un nouveau diptyque, dont le premier tome est sorti en novembre 2014 : « Revoir Paris ». Si leur univers toujours aussi atypique et grandiose est toujours présent, ils n’ont pourtant pas inséré cette nouveauté dans leur série-fleuve « Les cités obscures ». Mais n’y voyez pas une remise en question de leur part, leur démarche architecturale et contemplative reste la même que depuis leur premier album en commun, en 1983 (!). Faut-il pour autant s’en plaindre ?
Scénario : Dans un futur proche, une communauté d’élites abandonne La Terre en proie à une situation instable pour partir dans l’espace. Sauf qu’au bout de quelques générations, leurs descendants sont en droit de se demander ce qu’il reste de leur bonne vieille planète bleue. Et notamment Kârinh, une jeune fille obsédée à l’idée de revoir Paris…
Dessin : Schuiten n’a pas perdu de sa superbe malgré les années, on retrouve les décors incroyables et gigantesques qui font le charme de ses planches. Etalés sur de grandes cases, Paris est représenté à différentes époques, du passé au futur…
Pour : …Laissant entrevoir la principale réflexion de cet album, celle de l’évolution inattendue d’une ville dont les bâtiments sont les mêmes depuis bien longtemps. Tout a évolué autour d’elle et pourtant Paris reste Paris. Il y a bien ces machines volantes et ces immenses tours alignés, mais les auteurs ont gardé l’essence de la ville pour essayer d’imaginer à quoi elle ressemblerait dans 150 ans.
Contre : Du coup, ils en délaissent l’intrigue et les personnages moins consistants que dans bon nombre de leurs précédents albums. L’intérêt n’est évidemment pas là, mais pour un album de plus de soixante pages, on aurait pu s’attendre à une plus grande densité dans le récit, qui pourrait tout de même reprendre du poil de la bête dans le second tome en préparation.
Pour conclure : Accompagné de l’exposition créée par les auteurs eux-mêmes à la cité de l’architecture à Paris, ce premier tome prend tout son sens. Visitable jusqu’en mars dernier, cette exposition montrait l’évolution de Paris à travers les âges, s’intéressant notamment aux projets d’architectures abandonnés qui aurait pu changer radicalement l’esthétique de la capitale. Le projet le plus fou ? Des ponts suspendus accrochés autour de la Tour Eiffel !