Ce tome fait suite à Tainted love (épisodes 1 à 6). Il contient les épisodes 7 à 12 de la série "I, vampire" (scénario de Joshua Hale Fialkov, dessins et encrage d'Andrea Sorrentino), ainsi que les épisodes 7 & 8 de la série "Justice League Dark" (scénario de Peter Milligan, dessins d'Admira Vijaya pour les 8 premières pages, puis de Daniel Sampere).


Épisodes 7 & 8 de "I, vampire" et de "Justice League Dark" - La situation a dégénéré à Gotham : une infestation de vampires a éclaté au grand jour et Batman est dépassé. Andrew Bennett vient d'être assassiné par quelqu'un qui croyait bien faire, or sa mort a libéré Cain, un être malfaisant à la puissance colossale. Sous l'impulsion de Madame Xanadu, la Justice League Dark vient prêter main forte, mais elle semble elle aussi dépassée. Elle se compose de Madame Xanadu, Zatanna, Shade, Deadman et John Constantine. Batman et Batgirl font également une apparition.


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Épisodes 9 à 12 - Suite aux bouleversements survenus dans les épisodes précédents, Andrew Bennett s'est rabiboché avec Mary Seward et a installé un camp de vampires dans un coin isolé de l'Utah. Il a négocié avec les fermiers du coin des livraisons régulières de vaches pour que les vampires puissent se nourrir de leur sang. En secret, il a envoyé John Troughton et Tig Rafelson contacter l'ordre des Van Helsing pour réussir à instaurer un équilibre de pouvoirs assurant que les 2 factions (vampires / Van Helsing) se tiennent mutuellement en respect. De son propre aveu, Andrew Bennett ne vaut pas tripette en tant que stratège ; il s'avère que ce jugement de valeurs constitue un euphémisme de taille. Le conflit qui s'en suit attire l'attention de Stormwatch (version New 52) qui dépêche 3 de ses agents sur place : Jack Hawksmoor, Apollo et Midnighter.


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La première partie a pour objet de conclure cette invasion de vampires dans Gotham. Peter Milligan entremêle habilement son équipe de superhéros à l'intrigue de "I, vampire". Toutefois cette juxtaposition entre une série coincée entre superhéros et horreur, et une autre franchement indépendante des superhéros fait surtout ressortir les incompatibilités de la première. Parmi ces hiatus, il y a le mode d'expression magique de Zatanna dont les propos sont écrits de droite à gauche, pour indiquer qu'elle prononce une formule magique. Dans ce contexte, ce dispositif trahit son caractère infantile. Les modalités d'intervention de la Justice League Dark conduisent également Milligan a faire distribuer des coups de poings par John Constantine qui perd ainsi toute sa mystique pour être dégradé au stade de simple combattant physique frappant sur tous les vampires qui passent à sa portée. Cet aspect démystifie d'autant plus le personnage que les dessins de Sampere sont assez réalistes. Du coup, ils font également ressortir l'absurdité du costume de Deadman, avec sa grosse lettre "D" sur son costume pour que personne n'oublie l'initiale de son nom. Malgré tout, il reste un ou deux éléments plus convaincants tels que le comportement ambigu de Shade, ou l'étrange mentor de Madame Xanadu (encore que son intervention providentielle laisse songeur comme exemple de deus ex machina, dont on ne peut finalement pas mesurer l'efficacité). Le travail de Sampere est magnifique et très séduisant, même s'il porte aussi en lui ses limites (le décolleté impossible et ridicule de Zatanna).


Mais le lecteur est plus venu pour connaître la suite du destin d'Andrew Bennett, que pour découvrir la Justice League Dark. Première bonne surprise : Andrea Sorrentino illustre les 6 épisodes, toujours fortement influencé par Jae Lee, mais sans tomber dans le plagiat. Le résultat est parfaitement adapté à la nature de l'histoire et fait naître un monde aussi horrifiant que séduisant. Sorrentino a une vision stylistique qui permet de croire à ces vampires assoiffés, à ces personnages exaltés, à ces élans passionnés, à ce destin tragique et implacable. En s'éloignant de l'esthétisme habituel des superhéros, il évite de transformer les vampires en supercriminels génériques, il en fait un peuple (sans beaucoup d'individualités, c'est une de ses limites) entre humanité et bestialité, irréconciliable avec l'humanité ordinaire. Sans difficulté, il sait aussi bien mettre en scène ces combats physiques avec horde de vampire, que créer des décors impressionnants qu'ils soient originaux (le campement dans le désert de l'Utah), ou archétypaux (le château haut perché des Van Helsing). Le lecteur est transporté dans un monde proche du sien, où l'ambiance gothique est rendu palpable sans être ridicule. Il s'agit d'une grande réussite visuelle, plus compliquée à atteindre qu'il ne peut y paraître à la lecture. Sorrentino arrive même à incorporer les membres de Stormwatch à cette ambiance, sans qu'ils ne la dénaturent, ou qu'ils ne rompent le charme.


Coté scénario, Fialkov a plusieurs surprises et retournements de situation dans sa manche. À nouveau la première partie peut faire craindre au lecteur de tomber dans des sentiers un peu trop balisés, avec un grand méchant, plus méchant que tous les autres vampires, et même que Mary Seward. Sa genèse quasi biblique peine à convaincre. La deuxième partie commence par l'introduction des Van Helsing dans un décalque de la dynamique des récits de Dracula qui là encore laisse à penser que Fialkov va se contenter d'une chasse aux vampires très classique. Et bien non, tout peut arriver, à commencer par la faillibilité du personnage principal ce qui provoque une escalade de catastrophes. Et pourtant Fialkov ne joue pas à en rajouter dans le dépressif, il dépeint des personnages au caractère présentant plusieurs facettes, y compris une forme d'humour (qui reste discrète quand même). Avec l'aide de Sorrentino, il réussit même à insérer un deuxième degré inattendu (par exemple Apollo dont la tête est entourée d'un halo de lumière lorsqu'il se sert de son pouvoir, comme un ange).


Après une participation mi-figue, mi-raisin de la Justice League Dark, Fialkov et Sorrentino reprennent la narration en main pour une ambiance gothique parfaitement composée et totalement convaincante, et un récit où la faillibilité du personnage principal induit de véritables surprises. Ces 2 créateurs profitent pleinement de la liberté offerte par la jeunesse relative de l'univers partagé DC suite à sa relance (New 52), et par le peu d'historique d'Andrew Bennett. Malheureusement cette série s'achève déjà avec Wave of mutilation, le troisième et dernier tome.

Presence
9
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le 18 oct. 2020

Critique lue 56 fois

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