Calvin et Hobbes version triste
Le fond du récit n'est pas très drôle: un enfant s'attarde dans son amour pour son nounours en peluche jusqu'à un âge (beaucoup trop) avancé. Sa vie est assez instable, car il doit suivre ses parents comédiens dans leurs tournées (de plus en plus ratées). Même l'amour humain d'une gentille fille n'empêchera pas l'histoire de tourner mal.
C'est un peu Calvin et Hobbes: le nounours ("roudoudou") ne parle - au demeurant de manière fort sensée - au héros de l'histoire que lorsqu'il n'y a pas de témoin. Un peu pervers quand même, le nounours: ses conseils tendent à décourager le héros de s'attacher à quelqu'un d'autre que lui, ce qui n'est évidemment pas très bon pour la maturation émotionnelle.
Ce récit mélancolique et un peu onirique bénéficie du trait gracieux et des couleurs cassées, un peu automnales, de Marion Laurent. Elle excelle à rendre les visages doux et purs des jeunes filles.
Ce récit d'une dérive psychotique - à moins qu'on ne soit carrément dans un merveilleux non avoué - peut séduire par son ton feutré. Mais il vaut mieux avoir le moral quand on le lit. Ce n'est pas lui qui va vous jeter dans l'euphorie.