Ne jamais se fier aux apparences
Colorado 1886.
Depuis maintenant 6 ans, Jody Mackinley vit seule avec son fils dans sa ferme isolée.
La bataille de Wounded knee lui a pris son mari et quelques mois plus tard, sa fille a disparue dans des circonstances pour le moins inhabituelles.
Lorsqu'elle est informée de de la tenue du procès d'un kidnappeur d'enfants du nom de Buck MacFly, Jody, accompagnée de son fils Sean, décide de partir en ville pour obtenir des réponses sur la disparition de sa fille.
Or, non seulement l'inculpé est lié à cette disparition mais il s'avère également que cet homme connaissait le mari de Jody Mackinley.
Néanmoins, promis à une mort certaine, il ne parlera qu'en échange de sa liberté.
C'est le début des ennuis pour la veuve Mackinley qui, par désespoir, s’apprête à se lancer dans sa plus grande aventure...au mépris de la loi.
L'esprit sauvage, l'étendue des paysages, la confrontation entre le colon et l'indigène, l'avènement de l'industrie, la sensation de liberté omniprésente sont des thèmes qui peuvent facilement expliquer la fascination qu'exerce l'ouest sauvage sur les auteurs de franco-belges depuis des décennies.
Le western, c'est une ode à l'odyssée la plus anarchique mais également un répertoire d'aventures à la fois humaines, poignantes et dramatiques chargées d'émotions évocatrices.
Blueberry, Commanche, Durango, Bouncer, Cartland , le western est un genre prolifique dans le milieu de la bande-dessinée Franco-belge et ce depuis ses balbutiements.
Si actuellement nous somme loin de la production abondante qui caractérisait les années 70-80, la bd franco-belge de western continue tout de même de faire parler d'elle avec la publication de one-shot d'une sacrée trempe comme Deadline ou encore Frenchman.
Rouge comme la neige ne fait pas exception à cette règle.
Pour ses débuts dans le western, Christian de Metter a décidé de narrer les aventures d'un personnage qui diffère quelque peu du reste des héros inhérents au genre : une veuve paranoïaque à la recherche de sa petite fille disparue.
Avec cette enquête à base de disparition, de tromperies et de trahisons, Rouge comme la neige s'avère être un excellent polar en plus d’être un bon western sur fond de guerres indiennes et de chasse à l'homme.
Comme pour la grande majorité des intrigues policières, la narration repose essentiellement sur l'efficacité des dialogues, le rythme palpitant de l'intrigue, la maîtrise du suspense mais également sur l'utilisation appropriée des flashbacks de Buck MacFly.
Ce dernier dévoile, au fur et à mesure de sa chevauchée, son passé commun avec le mari de Jody.
Ces flashbacks permettent à l'auteur de revenir sur un événement méconnu de l'histoire Américaine mais qui pourtant, passionne les européens : le massacre de Wounded knee et par la même occasion d'exploiter les thèmes les plus sombres du Far West comme le génocide des amérindiens ou la corruption de l’armée américaine.
Comme tout bon western qui se respecte, l'univers dépeint dans cette bd est sale, violent, dangereux et surtout sauvage. L'atmosphère immersive de la bd est lugubre, sans espoir mais également poétique et lyrique.
Pour cadrer au mieux à cette ambiance, l'auteur a opté pour un trait semi-réaliste finement détaillé qui restitue à merveille les émotions des personnages et la grandeur des paysages. Le trait est accompagné d'une couleur agréable au style monochrome de marron du plus bel effet et d'une couleur rouge vive percutante utilisée lors de certaines scènes.
Mise à part une fin un peu abrupte qui ne conviendra pas forcément à tout le monde, Rouge comme la neige est un quasi sans-faute : à la fois beau dans son dessin, prenant dans sa mise en scène, intelligent dans ses propos et fascinant dans le développement de ses personnages.
Un excellent western doublé d'un polar d'une efficacité remarquable.
Vous aimez le western ? Vous aimerez Rouge comme la neige , l'un des meilleurs one-shot de cette année.
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