Ryuko
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Ryuko

Manga de Eldo Yoshimizu (2016)

Lady Vengeance, mais sur une moto. Et avec des gros flingues.

Bécanes, armes à feu et jolies filles pour ce titre à l'esthétique léchée et savamment vintage. Une sombre histoire de vengeance et de yakuzas, emportée par l'élan de la fatale Ryuko. Encore une étonnante merveille dégotée par Le Lézard Noir.


Ryuko dirige d’une main de fer un clan de yakuzas étrangement exilé sur les bords de la Mer Noire. Une dette d’honneur et une enfant sur les bras, elle règne des années durant jusqu’à ce que des remous politiques la contraignent à rentrer au Japon, d’où elle vient, avec désormais la ferme intention de réparer les injustices dont elle fut victime et de retrouver sa mère qu’elle croyait morte.


Sur une trame assez simple, à tiroirs certes et jouant d’une série de révélations rapides, Eldo Yoshimizu construit une action détonante, extrêmement rapide et énergique. Et pour la servir : atmosphère sombre, ambiance rétro et graphisme vintage tirant vers le gekiga. Voilà la base de l’esthétique déployée dans cette histoire en deux volumes.


Et le résultat convainc pleinement : réussite plastique autant que narrative, Ryuko joue en permanence de la structure des planches, du cadrage des plans et de l’usage du trait et des aplats. Et le lexique cinématographique n’est pas ici usurpé tant il semble que ce manga tire avec envie et passion du côté du cinéma.


D’ailleurs, au niveau des thèmes abordés, de la recherche esthétique, du jeu avec des codes génériques et du réemploi de références artistiques populaires et démodées, et en acceptant de digérer un certain décalage culturel dans le parallèle que nous allons dresser, l’œuvre de Eldo Yoshimizu peut évoquer le travail de Quentin Tarantino, Kill Bill et son intrigue de vengeance en tête.


Créatif au possible, ce "roman graphique" à la sauce japonaise constitue une œuvre atypique dans la mesure où elle n’est pas le produit d’un pur professionnel du manga. Plasticien passé par l’université des arts de Tokyo, Eldo Yoshimizu possède déjà une solide carrière artistique, de sculpteur notamment, lorsqu’il se lance dans Ryuko, qu’il va d’ailleurs lui-même auto-publier. Singulier à tout point de vue ce manga s’affirme ainsi comme l’un des titres de cette fin d’année.


Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com

seleniel
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le 18 déc. 2016

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seleniel

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