Un manga d'artiste.
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le 13 févr. 2017
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Si le trailer et l'extrait à lire donnaient déjà quelques indications sur le titre de Eldo Yoshimizu, la parution du premier volume (sur deux) de Ryuko secoue quelque peu le paysage, pour notre plus grand plaisir.
Avoir une bonne couverture, c'est important (tous les espions vous le diront)
Avant même de commencer à lire, la couverture interpelle. Une couleur irrigue toute la couverture : le rouge et ses variations partent des cheveux de Ryûko, de son ombre et de celle de la Kawasaki pour glisser sur la tranche et donner ses lettres rouges au titre avant de poursuivre leur aventure et, cette fois-ci, d’encadrer les cinq lettres de Ryuko, tout en laissant la jeune femme intacte.
Les deux faces de la couverture sont aussi instructives, par le jeu qui se déploie autour du personnage : assis/debout ; un mince sourire/des larmes dans les yeux ; un fond blanc/un arrière chargé de machines. Il n’y a pas de synopsis ; les images occupent cette fonction : il sera question de poursuites, d’armes, d’action, de larmes et de femmes.
Mouvement perpétuel
Ce premier tome met à l’honneur le mouvement : déplacements géographiques, action omniprésente. Les personnages sont toujours dans le feu de l’action ; les pauses sont rares. Dans l’univers yakuza ce n’est sans doute guère surprenant mais il est plaisant de voir Ryûko et les siens s’adapter à ce qui se passe autour d’eux, aux réactions qu’ils déclenchent.
Cette importance accordée au mouvement et à l'action se retrouve bien évidemment graphiquement dans le rendu des personnages, les variations proposées mais aussi dans le découpage. Ryuko ne se compose pas d’une suite de cases carrées. Outre les pages immaculées et celles où le noir domine, l’histoire avance avec des cases dont les limites ondulent, taquinent la diagonale. Surtout les éléments présents dans les cases débordent du cadre, pour mieux se mêler à la suite.
Outre le découpage des cases, la précision apportée au rendu des véhicules, immeubles, hélicoptères, armes, intérieurs… qui parcourent les chapitres ne passe pas inaperçue. Le détail est également présent du côté des personnages, même si Ryûko et d’autres personnages féminins ont un visage plus épuré. Ces personnages féminins me font penser à ceux que l’on trouve dans l’univers de Leiji Matsumoto.
Le passé se conjugue au présent
Ryuko est l’histoire d’une quête, d'un grand mouvement initiée par Ryûko, à la recherche d’une mère censée être disparue. Cela nous permet d’osciller entre passé et présent. Le passé hante certains personnages, d’autres veulent le comprendre, ou comprendre celui de personnes qui leur étaient proches. Cela leur donne parfois un côté déraciné, égaré. La souffrance n'est pas loin et l'envie d'en finir non plus.
Ce récit qui se construit au fil des pages progresse à travers des échanges brefs. Pas de longs discours dans la série – le temps est un luxe dont ne disposent pas les personnages – mais des phrases courtes, ciselées pour dire l’essentiel en peu de mots et compléter ce que les dessins nous apprennent. La complémentarité dessin/dialogue est bluffante, l’immersion dans le récit est totale.
La femme à la moto
Si elle n’était pas entourée, Ryûko partagerait quelques points communs supplémentaires avec une certaine Beatrix Kiddo. Comme elle, son histoire s’écrira en deux volets. Au terme du premier, Ryuko nous entraîne dans un monde sans foi ni loi où les femmes et les hommes doivent lutter constamment pour avancer. Malheur à ceux qui s'arrêteront. La seule envie à la fin de ce volume c’est de vite avoir le second entre les mains, pour connaître la destination finale de tout ce petit monde. Une vraie réussite.
Version allongée et illustrée par ici.
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Créée
le 16 nov. 2016
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