Ce tome fait suite à Saga of the Swamp Thing 5 (épisodes 51 à 56). Il contient les épisodes 57 à 64, publiés en 1987, les derniers écrits par Alan Moore.
Épisodes 57 & 58 (scénario d'Alan Moore, illustrations de Rick Veitch et Alfredo Alcala) - Toujours à la dérive de planète en planète, Swamp Thing arrive sur Rann, une planète à l'écosystème au bord de l'agonie, suite à d'anciennes guerres nucléaires. Cette planète occupe une place particulière dans l'univers partagé DC car elle reçoit régulièrement la visite d'Adam Strange (un terrien) grâce au rayon Zeta.
Épisode 59 (scénario de Steve Bissette, illustrations de Rick Veitch et Alfredo Alcala) - Bissette développe une idée de Moore, Totleben et lui-même apportant des compléments d'informations sur le père d'Abigail Cable, et sur le Patchwork Man, un monstre tragique apparu dans la série avant l'arrivée d'Alan Moore. Bissette creuse la relation entre Abigail et son père sur un plan psychanalytique, avec des éléments d'horreur. Cette histoire souffre de la comparaison avec les scénarios d'Alan Moore. 3 étoiles.
Épisode 60 (scénario d'Alan Moore, illustrations de John Totleben) - À nouveau à la dérive dans le vide infini de l'espace, Swamp Thing accoste un corps céleste doté de conscience, une forme de vie vraiment très originale. L'histoire est racontée par cette forme de vie à ses enfants.
Épisode 61 (scénario d'Alan Moore, illustrations de Rick Veitch et Alfredo Alcala) - Cette fois-ci Swamp Thing arrive sur une planète peuplée d'êtres végétaux. Tout ne se passe pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Épisode 62 (scénario de Rick Veitch, illustrations de Rick Veitch et Alfredo Alcala) - Rick Veitch prépare sa reprise en main de la série en imposant un dernier arrêt à Swamp Thing, près du mur qui figure la Source (lieu du dernier mystère pour les New Gods) où il doit faire face à Metron. 4 étoiles.
Épisodes 63 & 64 (scénario d'Alan Moore, illustrations de Rick Veitch, Alfredo Alcala et Tom Yeates) - Swamp Thing est enfin de retour sur Terre. Alan Moore offre une fin satisfaisante à son personnage, et aux lecteurs qui peuvent arrêter là sans avoir l'impression de quitter l'histoire en plein milieu.
Ce tome contient donc 8 épisodes, dont 6 écrits par Alan Moore. Ce dernier commence par s'emparer d'Adam Strange, un personnage tombé en désuétude. Dans l'introduction, Steve Bissette explique que Moore abandonne le registre de l'horreur au profit de celui de la science-fiction pour contenter Rick Veitch plus intéressé par cette dernière. La relecture d'Adam Strange transporté de la Terre à Rann par un rayon appelé Zeta Beam décoiffe. À nouveau Alan Moore respecte les bases du personnage, tout en les extrapolant pour un lectorat adulte et une situation géopolitique perverse et poignante. 5 étoiles.
Les épisodes 60 et 61 constituent une preuve du talent de créateur d'Alan Moore, chacun dans un style différent. L'épisode 60 est narré de manière subjective par cette entité extraterrestre, au système de valeurs et de pensées décalé du notre. Cette entité raconte une histoire à ses enfants dans un style s'apparentant à de la poésie en prose. Les illustrations se composent de 22 pleines pages réalisées à partir de collage, pour des images flirtant avec l'abstraction. Le lecteur est projeté dans une vision étrangère à ses références, avec pourtant du suspense et de l'émotion. C'est un épisode expérimental et même avant-gardiste, à la fois pour la narration et pour les illustrations, qui propose une expérience de lecture exigeante repoussant les limites de la bande dessinée. Par comparaison l'épisode 61 est beaucoup plus conventionnel, sauf qu'Alan Moore renverse les rôles et Swamp Thing devient une véritable catastrophe naturelle, pour une population qui sort de l'ordinaire. La multiplicité des points de vue des victimes composent une tapisserie d'une grande richesse, gorgée d'émotions complexes. 5 étoiles et plus.
La majorité des illustrations est réalisée conjointement par Rick Veitch et Alfredo Alcala. L'aspect extérieur de leurs images conserve ce coté un peu gras, un peu vulgaire qui sent la transpiration d'une humanité laborieuse, prisonnière de ses bas instincts. Cette caractéristique donne tout de suite plus de saveur à cette image du type lisant le journal sur les toilettes, ou au costume révélateur d'une soldate de Thanagar (rien que par cet épisode les bretelles pourraient revenir à la mode féminine). Par contre cette approche graphique ne convient pas du tout aux New Gods qui sont ravalés au rang d'êtres humains désorientés. Veitch compose des images qui fleurent bon une approche classique qui privilégie le didactisme et l'enchaînement de cases pour composer une séquence. Il se révèle très capables de rendre efficaces les visions d'horreur du scénario. Et les interactions entre les êtres humains normaux reposent sur des langages corporels réalistes.
Ce tome constitue une vraie fin pour les aventures de Swamp Thing et Abigail Arcane. Il comporte 2 épisodes exceptionnels (60 & 61) et une relecture ébouriffante des voyages en yoyo d'Adam Strange.