Saga, si j’ai mis le temps à me lancer dans l’aventure, fut une véritable révélation, un formidable coup de cœur. Nous y suivons les (mes)aventures de Marko et Alana, deux amoureux, interdits de l’être à cause de leurs origines et d’une guerre. Et ils se retrouvent avec presque toute une galaxie sur le dos, lorsqu’Alana donne naissance à la petite Hazel.
Univers d’une richesse incroyable et ayant pour seule limite l’imagination de son scénariste Brian K. Vaughan.
Princes robots et trains dragons, mercenaires arachnides et chats détecteurs de mensonges, fantômes enfantins et vaisseaux végétaux… La diversité de la faune, de la flore et la richesse des thèmes abordés ont rapidement fait de saga la nouvelle référence comics de space fantasy. Du vertige de l’espace infini à l’intimité des querelles d’un jeune couple de parents, les auteurs vous invitent à découvrir un space opera épique, ambitieux et touchant. (Contient les épisodes #7-12)
Nous avions laissé Alana et Marko alors qu’ils arrivaient enfin à quitter Clivage grâce à l’aide précieuse d’Izabel et la découverte d’une fusée en bois assez particulière. Mais alors que la fusée vient de décoller, débarquent les parents de Marko, qui, ne réalisant pas ce qu’il se passe (comment le pourraient-ils) téléportent la pauvre Izabel sur une planète qui se révèle être un œuf géant sur le point d’éclore…
Autant dire que la première rencontre entre Alana et ses beaux-parents est explosive !
Ce tome est un peu différent du premier dans sa construction narrative, avec beaucoup de flashbacks. On peut ainsi découvrir la façon dont Marko a été élevé et comprendre son rapport à la guerre. La première rencontre entre Alana et Marko et l’importance du livre « Une Cigarette dans la Nuit » dans l’existence de leur couple. Ou encore leur première fois et leur vision d’être parents.
Peu de nouveaux personnages, en même temps vu le nombre que l’on a déjà, ce n’est pas un mal. Une seule personne inédite et importante apparaît en fait. Gwendolyn, l’ex de Marko. Hormis cela, Brian K. Vaughan continu sur la même lancée du premier tome, avec un habile mélange entre la science-fiction avec l’univers, l’horreur avec pas mal de personnages et la comédie romantique avec ce qu’il se passe entre nos deux tourtereaux.
Au milieu de ces souvenirs, nous allons suivre deux duos. Marko et sa mère vont partir à la recherche d’Izabel. Ils arrivent donc sur un œuf de la taille de la planète et se retrouvent très vite en danger face à des sages-femmes absolument flippantes et un géant immonde qui va me hanter toute ma vie !
Pendant ce temps, Alana fait connaissance avec son beau-père (heureusement pour elle tant Barr semble plus enclin à accepter cette situation que sa femme). Les deux personnages s’apprivoisent plutôt bien et Alana va apprendre un secret surprenant.
Lorsque tout ce petit monde se retrouve dans la formidable fusée, qui communique avec des couleurs, notamment pour les prévenir de l’arrivée d’un autre vaisseau auprès d’eux, le Testament et Gwendolyn, persuadés, même s’ils ne les voient pas, que leurs proies sont là ! A ce moment là, la planète/œuf éclot !...
Pendant ce temps, Robot Prince IV se rend sur la planète Quietus, où réside l’auteur d’Une Cigarette dans la Nuit…
Deuxième tome et toujours aucun temps mort ! Les événements défilent et les ennuis s’entassent pour nos héros. Ils ont déjà suffisamment de difficultés pour fuir, sans avoir à devoir gérer l’arrivée des parents de Marko, et le dégout que sa mère peut ressentir pour la femme de son fils et sa fille. Mais qu’il est plaisant au milieu de toutes ces galères, de tous ces coups durs, de voir Vaughan continuer à développer si merveilleusement ses personnages.
S’ils sont tous passionnants, c’est toujours Alana et Marko qui se tirent la couverture à eux deux. Leur relation est belle et forte, et comment ne pas être touché lorsqu’Alana explique à Barr pourquoi elle aime son fils. Toujours à travers son langage cru caractéristique mais tellement jouissif. Mais à travers l’arrivée des parents de Marko, l’auteur lance une belle réflexion sur l’héritage que les parents laissent à leurs enfants. Ici, c’est la guerre, dont nous ne connaissons pas vraiment le point de départ, mais cela nous permet de nous interroger sur ce que nos parents nous ont laissé, et sur ce nous, nous laisserons à nos propres enfants.
La présence de ces parents, nous permette également de voir le regard d’une mère sur un fils qui a su grandir et évoluer, loin d’elle. De bien beaux liens.
Vaughan continue de laisser libre court à son imagination, une imagination merveilleusement bien illustrée par Fiona Staples. Si Alana est de plus en plus belle, si les personnages toujours plus reconnaissables, il est amusant de voir les délires que les deux artistes se permettent. Des dessins chocs comme avec le géant et testicules atteintes de gigantismes, des dessins qui font peur, du sexe, et des créatures toujours plus loufoques. Comme les soldats de Sextillion qui illustrent à merveille l’expression « les hommes pensent avec ce qu’ils ont entre les jambes » en leur plaçant la tête justement entre les cuisses…
Les personnages sont toujours aussi expressifs, l’action toujours aussi rythmé, et les couleurs utilisées vraiment adéquates. Les décors sont toujours très pauvres, mais les pleines pages de Fiona Staples nous en mettent plein la vue. J’adhère de plus en plus au style graphique de cette artiste.
Bref, ce deuxième tome ne fait que confirmer tout le bien que je pensais de cette série après le premier volume. Un univers toujours plus riche, des personnages toujours plus passionnants, des émotions variés et intenses, de bons points de réflexion, pour une histoire formidable.
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