Samidare seule série de son auteur, Satoshi Mizukami, à être parue en France est un titre atypique, malheureusement passé inaperçu la faute à un manque de visibilité de son éditeur Ototo, très jeune sur le marché et aux designs aussi bien des personnages que des couvertures qui donne l'impression de faire face à un énième shônen lambda. Ototo conscient du problème fera même modifier les couvertures pour des plus sombres afin de mieux correspondre à l'esprit de la série.
Le pitch de base, Yûhi étudiant ordinaire se retrouve propulsé au cœur d'un conflit opposant Samidare, sa voisine, et Animus qui menace de détruire la Terre avec un marteau géant. Recruté par Noy un lézard parlant il devra faire équipe avec d'autres "chevaliers" recrutés comme lui pour faire face aux marionnettes de boue d'Animus. Pour cela ils obtiennent tous une bague leur permettant d'invoquer un orbe qu'ils utilisent de manière unique.
12 marionnettes, 12 mois...
Conscient de son scénario de départ quelque peu cliché, Mizukami s'amuse avec le lecteur en détournant les codes du shônen d'aventure/baston à coup de références et d'abattage du quatrième mur.
Tous les personnages ont un passé et une psychologie complexes, âgés d'une dizaine à une quarantaine d'années les différents chevaliers feront face à des obstacles divers dans leur mission.
Du collégien dépressif, aux copines inséparables, en passant par l'étudiant bagarreur ou l'ancien flic... Tous ressortent de cette aventure changés et je vous mets au défi de ne pas être ému par une moins une de ces histoires.
Série qui fait passer du rire aux larmes en un instant elle aborde des thèmes plus que sérieux d'une manière très sincère sans jamais subir de lourdeur ou tomber dans le pathos (bon sauf le passé du héros j'avoue). Tout ce que l'auteur a à dire il le fera passer au travers de ses différents personnages, il déploie tout son talent dans la construction des relations et l'humour pince-sans-rire.
Samidare est un manga profondément émouvant, jamais tire larme et très subtil ce qui ne l'empêche pas d'être ultra dynamique dans sa narration, certes redondante (bagarre, repos, passé d'un héros, entrainement, bagarre...) mais capable d'opérer des variations assez bien trouvées à chaque fois.
L'humour passe très bien, les héros ont pas mal de recul sur leur situation et en joue, c'est franchement rafraichissant, à chaque fois qu'on prend tout trop au sérieux c'est désamorcé avec une phrase bien sentie.
Manga profondément inventif que ce soit durant les moments plus calme et dans les relations des personnages que dans les combats parce que oui il y en a et ils sont géniaux. Les héros doivent faire preuve de réflexion et coopérer pour s'en sortir parce que les ennemis ne font pas de cadeaux, un faux pas et c'est la mort. Une vraie tension apparait aux moments des affrontements, on a sincèrement peur pour ces héros que l'on voit évoluer durant de ces 12 mois.
Parfait représentant d'un lectorat, celui du "young" situé entre le shônen et le seinen Samidare ne cesse de nous ramener à cette dualité enfant/adulte en reprenant des schémas classiques des nekketsu avant de les faire s'écrouler sous le poids des responsabilités de celle d'un récit mature. Tout comme Yûhi 19 ans ressort de cette année bien plus adulte.
Une vraie aventure, de nombreuses révélations plus que surprenantes tout au long de la série le tout sublimé par une fin qui répond à absolument toutes les attentes qu'on puisse avoir. A ne pas manquer.