Une collaboration entre Buronson (Ken le survivant) et Ikegami (Crying Freeman) qui en dit plus long sur la misogynie et les positions conservatrices de Buronson que sur la réalité de la politique japonaise. Comme dans Ken, les protagonistes sont idéalisés et déifiés, au point où tout le monde, hommes et femmes, est prêt à renier sa loyauté pour les servir, et comme dans Ken, les femmes sont toutes amantes ou épouses des différents personnages (avec évidemment une tension homosexuelle entre hommes de pouvoir tout à fait assumée), mais on appréciera tout de même les expressions faciales excellentes d'Isaoka et cie, la splendeur du dessin d'Ikegami, et surtout la volonté de parler de politique japonaise sans caricature ou presque, en nommant explicitement les partis au pouvoir et l'immobilisme des partis d'opposition. Le thème principal est ici l'affrontement entre générations, thème d'autant plus d'actualité que le Japon fait face à un vieillissement de la population, représenté par le combat entre le secrétaire Isaoka et ses deux ennemis représentant la collusion entre yakuza et politiques, à travers élections, référendum, et interférence de groupes mafieux de tout part (Russie, Chine, Corée...) afin de prendre le contrôle du Japon. Ce beau postulat est malheureusement desservi par le point mort de Buronson : ne jamais savoir quand et comment s'arrêter, ce qui fait que le manga s'arrête en pleine intrigue par l'abandon pur et simple d'Isaoka : il est vrai qu'une histoire aussi prenante pourrait continuer pour toujours, à travers de nouveaux rebondissements, mais Buronson n'est pas Oda.