Un ramassis de croquis épars : voilà tout ce qu’il reste du Sandokan de Hugo Pratt et Mino Milani. Aventure bancale jamais achevée, divisée en deux parties franchement inégales, et dessinée par à coups sur plus de dix années avant d’être oubliée pendant quarante ans dans les archives du Corriere dei Piccoli ...
Tel que publié en 2009 (enfin !), cet album maudit n’offre qu’une histoire bancale et un dessin inachevé, presque à l’état d’ébauche ... sans oublier une traduction misérable, dans la version française (youpi !).
Si le succès de Corto Maltese avait été moins foudroyant, Hugo Pratt aurait pris le temps d’achever ce Sandokan : à lire les morceaux de scénario joints à la BD inachevée, on commence à remplir les vides, les ellipses, les oublis laissés un peu partout. Sandokan aurait pu devenir un véritable bijou, d’ailleurs cette BD aurait dû initialement former une série, et pas un épisode one-shot.
Il reste les dessins de Hugo Pratt : même lorsqu’il ne prend que quelques minutes, entre deux aventures de Corto, pour esquisser une vignette de Sandokan, le résultat est magique. Les embruns, la tempête, les assauts des pirates, et la gueule tannée du Tigre de Malaisie...
Un grand, grand regret.