Cette phrase d'accroche ô combien poétique, on la doit à monsieur Stephen King, sorte de parrain de ce premier tome de "American vampire", imaginé par Scott Snyder (bien connu des amateurs de "Batman") et illustré par Rafael Albuquerque. En plus d'apporter sa précieuse caution au bousin, l'auteur de "Cujo" donne de la plume, scénarisant quelques chapitres portant sur les origines de Skinner Sweet, parfait salopard et anti-héros ultime, vampire d'un genre nouveau et incarnation à lui seul du wild wild west.
Si à toi aussi, les vampires romantiques fringués comme Rimbaud et traînant un spleen à faire mouiller la midinette dans son slibard te cassent les couilles et les ovaires, "American vampire" est fait pour toi. Le trio Snyder / Albuquerque / King piétine de ses santiags le visage blafard d'Edward et de Lestat, rendant enfin toute sa furie et son haleine dégueulasse au prince des ténèbres, le décrivant soit comme un animal sauvage avide de sang et de tripailles, soit comme une pourriture sans scrupules, infiltrée dans la haute société et s'abreuvant à pleine gorgée du fameux rêve américain.
Superbement mis en image par les crayonnés de Rafael Albuquerque, auxquels s'ajoutent les teintes de Dave McCaig, ce premier tome de "American vampire" est une agréable surprise qui fait un bien fou, mélange détonnant de western cradingue et d'horreur, portrait au vitriol d'une Amérique nourrie par les espoirs et surtout par la chair de ses pauvres âmes, tout en offrant un spectacle jouissif puant la sueur et l'hémoglobine. Vite, la suite !