Le comique dissimulé
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le 17 mars 2024
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Mieux vaut certainement lire Le grand Vide avant de s’attaquer à cet ouvrage qui lui est largement lié. Un recueil en trois parties, sous la forme d’un ensemble de planche d’une case en pleine page, sans dialogue. Toujours dans le style très reconnaissable de Murawiec. Je me risque ci-dessous à l’exercice d’interprétation de l’œuvre. J’espère ne pas tomber trop à côté.
La première partie est une référence très claire à Le grand vide. On y retrouve Manel et des endroits déjà présentés. Cet ensemble s’organise autour de la ville, de la solitude que l’on peut ressentir, même entouré, de l’activité et du vide. Assez magistral, on se laisse prendre au déchiffrage de ce qui nous est présenté.
La deuxième partie évoque l’exploration de cités détruites, de la fin d’un monde, d’une civilisation, du retour de la nature. En quelque sorte de l’après Grand Vide. La ville qui semblait l’apogée de l’humanité se retrouve détruite, vidée de tous, seuls subsistent les vestiges. Mais la dernière planche, par la présence d’un autre visage humain dans ce qui semble être une pièce ordonnée et emplie d’objets vus dans les planches passées, fait penser à une sorte d’exposition sur le passé du monde présenté. Ou bien cela permet peut-être de réinterpréter l’ensemble de l’ouvrage et de se demander ce qu’est le réel dans la diégèse de l’œuvre. Ne pourrait-on pas penser que tout est faux, que tout sort de l’imaginaire de la femme qui serait une artiste ayant pensée une histoire à partir d’éléments récoltés ici et là ? Et cette artiste, serait-ce Léa Murawiec ? C’est une idée que j’apprécie assez et qui porte le processus créatif au centre de l’ouvrage.
La dernière partie commence par la présentation d’une vieille femme qui écrit ou dessine, puis nous montre des personnages principalement vieux dans des environnement déformés, oniriques. Cela donne l’impression d’une continuité, et aussi d’une fin. D’une époque ou Manel, l’immortelle, fini par ne plus l’être et revient sur ses pas, sur son passé, mais tout a changé, rien n’est le même, alors elle revoit tout, mais déformé dans son souvenir par le temps. Ou peut-être est-ce tout autre chose.
En conclusion, le style particulier de Murawiec est toujours très marquant. On ressent la contrainte et le lien avec l’OuBaPo. Le mutisme de la BD et la composition en pleine page pousse le lecteur à s’interroger sur l’ouvrage, à essayer de le comprendre. Un élément récurrent, les flèches, me fait penser que l’autrice a orienté son ouvrage autour du temps. Ce qui colle plutôt bien avec les thèmes des trois parties et aussi de la filiation avec Le Grand Vide.
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Créée
le 4 nov. 2023
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