Artbook en scred
L'auteur ne sait ni écrire ni faire un manga, ça se remarque beaucoup à la qualité des histoires et des dessins du recueil. Le découpage est nul, les personnages sont moches (y a un mec qui change de...
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le 30 juin 2017
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Ce qu'il y a de plus intéressant dans ce recueil composites d'histoires courtes et de matériau divers, c'est l'histoire de son auteur, en fait. Boten Tarô fût tour à tour, au cours d'une vie rocambolesque couchée dans ces récits, jeune pilote non-kamikaze lors de la seconde guerre mondiale, animateur de théâtre de papier pour enfants, chanteur et tatoueur de yakuzas itinérant et, bien sûr, mangaka rônin. De quoi alimenter des histoires de style Gegika (pour adultes) fortes en réglements de compte yakuza, en superstitions du monde du tatouage et en récits de guerre heurtés... Mais si le parcours de Tarô semble passionnant, et on pourrait avec plaisir se délecter, je crois, d'un biopic ou d'une œuvre sur cette vie même, ces histoires courtes s'avèrent plaisantes sans jamais se départir d'une qualité de série B. Les motifs sordides reviennent à la charge (viols revanchards, cocufactions punitives) avec un goût de souffre mais qui suinte bien trop la mécanique industrieuse d'un homme qui produisait ses planches avec en ligne de mire le ratio yens par page...
Compilation d'histoires publiées dans différents magazines entre la fin des années 60 et le début des années 70, Sex & Fury porte avec fierté son blaze. On y suit donc :
- les pérégrinations dénudées et acérées comme la lame d'un katana d'une Lady Snowblood lesbienne naviguant à coup de sabre dans le monde de la pègre
- différentes histoires gravitant autour de l'univers des tatouages ( l'amusante histoire de l'artiste de l'aiguille qui venge non pas sa cliente mais le saccage de son chef d'oeuvre d'encre ; différentes histoires de serial killers fétichistes )
- quelques histoires d'horreur qui, sans être expert, me semblent plutôt précurseures et m'évoquant parfois l'univers d'Umezu ( un couple adultérin puni par les vers ), baignant d'autrefois dans un folklore un peu décoratif ( l'enfant du cimetière, l'incongrue histoire de western ), ou faisant écho implicitement avec le monde charnu du tatouage ( la glaçante histoire des masques de chair)
- pas mal d'histoires de guerre, parlant finalement moins de la guerre elle-même que des conséquences néfastes de la sur-concentration d'hormones qui en découlait ( réglèment à coup de tatanes entre mâles alphas, manque sexuel ), quoique l'on passe d'une forme d'anti-militarisme horrifique ( les châtiments du soldat maudit, la lâcheté japonaise foulant du talon la convention de Geneve ) à une forme de bellicisme halluciné ( les sanglantes histoires d'aviation ou de mines sous-marines ). L'horreur de la guerre étant parfois condensées en brèves survivalistes ( la grenade comme résidu aliénant de cannibalisme forcé...)
- deux récits d'après-guerre inscrits dans le tournant nationaliste de leur auteur : une histoire d'amour étudiante condamnant le mouvement contestataire alors en une orgie de hippies défoncés en roue libre ; l'hommage ambigu à un ami écrivain patriote ayant commis l'acte de seppuku (hara-kiri en faux japonais) pour dénoncer la mollesse militaire de son pays après-guerre...
Tout au long, on constatera en points commun des récits axés sur la violence et la sexualité, avec de nombreuses femmes dénudées et opulentes, le manga pour adulte ayant alors pour double mérite de proposer une forme de catharsis du refoulé moral et de faire sortir du quotidien par une succession d'images parfois un peu choc pour le principe.
Créée
le 30 juil. 2021
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