Je sais que j’ai l’habitude de dire, à chaque sortie de Bliss Comics, que c’est une sortie que j’attendais avec impatience, et je vais donner l’impression de me répéter, mais pour le coup Shadowman est un titre que j’attendais avec impatience. Peut-être le plus ! Il faut dire que j’avais été totalement séduit, conquis par ce titre, cet univers avec les deux petits tomes sortis chez Panini Comics. Je désespérais donc de pouvoir lire la suite et fin de cette série ! Une impatience qui n’a cessé de grandir lorsque que Bliss Comics a eu l’excellente idée de nous proposer ses fantastiques intégrales.


La Nouvelle-Orléans. Des démons venus du Monde des Morts - une dimension maléfique – envahissent la ville. Un jeune homme au passé trouble doit alors accepter son héritage et être à son tour possédé par un puissant esprit vaudou, un « loa ». C’est ainsi que Jack Boniface devient Shadowman. Mais son nouvel alter ego est-il un allié ou une malédiction ? Comment affronter le terrifiant Maître Darque lorsqu’un démon est déjà tapi en soi, dévorant petit à petit tout ce qui nous rend humain ?
Cette série horrifique, pilier de l’univers Valiant, est rassemblée ici pour la première fois dans son intégralité. Lancée par Justin Jordan (Luther Strode) et Patrick Zircher (Action Comics), c’est ensuite le scénariste culte Peter Milligan (Shade, X-Statix) qui prend en main le destin de Jack Boniface. Il s’entoure de Roberto de la Torre (Iron Man) et Valentine De Landro (Bitch Planet, X-Factor).
(Contient les épisodes #0, #1 à 16, #13X et Punk Mambo #0)


Personnellement, avant l’intrigue, ce sont les dessins, et surtout l’ambiance qui en découle. Je suis amoureux de la Nouvelle-Orléans et tout l’univers vaudou qui l’accompagne. Les démons, les loa, le Baron Samedi, la musique, l’ambiance incroyable qui se dégage de cette ville. Une ville joyeuse, pleine de vie, mais où les morts et tout le folklore qui s’y rapporte y sont omniprésents.


Quand on prend le partie d’installer son récit, sa série dans ce coin des Etats-Unis, il faut que cette ambiance, ce côté sombre et inquiétant ressortent dans les dessins. On doit presque suffoquer sous la chaleur ambiante, une chaleur oppressante et humide, on doit transpirer lorsqu’on plonge dans l’intrigue. Chose que Patrick Zircher réussi à merveille ! On s’y croirait ! On a presque l’impression de sentir la fièvre ambiante, d’entendre quelques notes de jazz tout en faisant attention à chaque ombre tapie dans le noir.


Patrick Zircher est un artiste complet, proposant toujours un travail permettant une immersion incroyable dans les récits qu’il illustre. Ses démons sont juste fantastiques et terrifiants. Les personnages sont beaux, esthétiquement au top. Une grande richesse dans les détails et le travail des cases.
Avec Roberto de la Torre, nous avons le droit à un travail un peu plus abstrait, moins concret, laissant beaucoup de place à l’imagination de lecteur. C’est toujours aussi sombre, mais on n’a plus cette impression d’oppression suffocante. Les détails sont moins nombreux.
Avec Valentine De Landro, on baisse encore d’un cran dans la qualité graphique. Dans un style proche de de la Torre, mais avec une absence totale de détail. Vraiment dommage cette dégringolade graphique au fil des chapitres.


La Nouvelle-Orléans, dans l’esprit des gens, un peu comme Sunnydale dans l’univers télé, est l’épicentre de tout ce qui a trait aux démons, aux fantômes. C’est donc à Nouvelle-Orléans que l’on découvre Shadowman, un homme fusionné à un loa et capable de se rendre dans le monde des morts !


Ce rôle tombe sur les épaules de Jack Boniface, un jeune adulte orphelin, revenue à la Nouvelle-Orléans pour tenter d’en apprendre plus sur ses parents. Mais tout ce qu’il trouve, à son arrivée, c’est ce costume noir et sombre de Shadowman, qui s’incruste à lui, fusionnant son esprit avec celui du loa, deux étranges personnages désirant l’aider et des monstres, des démons, des créatures terrifiantes cherchant à le tuer !


Avec l’aide de Dox, un expert du monde démoniaque et des armes magiques, envoûtées pouvant détruire les démons. Aidé par sa disciple, la charmante Alyssa. Ils ne seront pas trop de deux pour expliquer ce monde étonnant à Jack, qui va être, dans un premier temps, complètement dépassé par les événements.


Mais pas vraiment le temps de se poser et réfléchir à tout cela, puisqu’une menace de niveau ultime dans le monde des morts menace la Terre, avec Maître Darque ! Cet être surpuissant qui a poussé, jadis, le père de Jack à se sacrifier. L’ennemi est de retour et compte bien à accomplir son œuvre, enfin, à savoir débarquer sur Terre et se débarrasser de toutes vies !


De nouveaux alliés à qui il doit apprendre à faire confiance, des pouvoirs incroyables et un alter égo avec qui il doit se battre pour garder le contrôle de son corps. Malgré tout cela Jack rempli son nouveau rôle de Shadowman à merveille. Un brin tête brûlé, il compense avec la fougue de sa jeunesse, et la rage de découvrir la vie de ses parents.


En nous plongeant d’entrée dans l’action, Justin Jordan nous capte, nous happe dans son intrigue. On rentre immédiatement dedans, pour ne pas décrocher un seul instant. Et la présence d’un personnage aussi connu que le Baron Samedi est un véritable régal. Une première intrigue coup de point, qui nous présente bien les événements, avec une belle évolution du personnage principal.


Nous avons ensuite le droit à deux excellents chapitres, « Maîtres de l’Art », s’intéressant à la genèse de Shadowman ! Que ce soit la création du loa, la naissance de Darque, ou encore le lien héréditaire qu’il existe dans la famille Boniface. C’est vraiment très intéressant, bien pensé et bien écrit.


Les deux épisodes suivant, « Le Blues des Morts » tendent à nous montrer un Jack Boniface qui perd peu à peu pied face à son alter égo. Une colère s’empare de lui et il ne semble plus tout à fait maître de ses actes.


Ces deux épisodes mènent tout droit à la dernière intrigue de cet énorme pavé, « Terreur, Sang et Ombres », une intrigue qui va voir le passé de notre héros lui revenir en pleine face, alors que ses « absences » vont pousser les Acolytes, les hommes et femmes dans l’ombre pour aider le Shadowman, à prendre une décision drastique, une décision à laquelle Alyssa va avoir du mal à concevoir une telle décision. Surtout, cette intrigue va nous présenter un nouveau personnage, complètement à part et unique, la géniale Punk Mambo, censée aider Jack à vaincre ses démons.


Cette dernière intrigue n’est pas mauvaise, mais tout va trop vite. Les différences entre ce que l’on a pu lire avec Justin Jordan et ce que nous propose Peter Milligan sont trop énormes. On a même l’impression, par moment, du moins pour moi, de ne pas lire la même série. Je ne retrouve pas le même Jack Boniface. On nous propose de nouveaux statu quo, de nouveaux éléments, intéressants, mais que l’on balance de côté en seulement quelques chapitres.


Heureusement, le final de la série, qui arrive bien trop vite et de façon précipitée, nous propose de bonnes choses, nous montre à quel point le personnage de Jack Boniface est intéressant. Loin des standards. Ce n’est pas un méchant, mais ce n’est pas vraiment un gentil non plus.


Bref, si le run de Peter Milligan n’est pas à la hauteur que ce que Justin Jordan a pu mettre en place, il n’en reste que Shadowman est un titre incroyable ! Avec un univers fascinant, immersif, un personnage fascinant. J’ai vraiment pris un très grand plaisir. Ce que Shadowman nous propose, on ne le voit que trop peu, comme univers. C’est un vrai plaisir de lecture, un tel pavé se dévore en quelques heures et l’on se dit la suite promet de très, très belles choses.

Romain_Bouvet
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le 29 juil. 2018

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Romain Bouvet

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