D’ici quelques années, les hommes auront tellement bousillé la Terre qu’ils devront tous habiter dans des stations spatiales en orbite, passant leur misérable vie à vénérer, non plus un dieu, mais une multinationale qui régira intégralement leur existence. Tel est le postulat de départ de Shangri-La, l’éblouissant récit de science-fiction imaginé par Mathieu Bablet. Semblant avoir digéré tous les classiques du genre, le nouveau prodige de la BD française signe aux éditions Ankama un album envoûtant, à la croisée entre Interstellar et Le Meilleur des mondes.
Un récit dystopique aux relents tristement familiers qui nous absorbe dès les premières planches tant on est subjugué par leur beauté. Soutenu par un album à la finition très soignée (et à petit prix, c’est suffisamment rare pour être souligné), le dessin minutieux, ultra-détaillé et magnifiquement colorisé de Bablet nous hypnotise pour mieux nous immerger dans sa vision futuriste de notre humanité.
A défaut d’avoir un scénario très singulier, Shangri-La est une œuvre de plus de 200 pages d’une maturité graphique époustouflante qui transpire d’une humanité rare, surtout lorsqu’elle aborde des thèmes aussi durs que le totalitarisme, le consumérisme, le racisme et autres mots en -isme. Un chef-d’œuvre contemplatif qui vous incitera à vous plonger dans son précédent récit, Adrastée, une fable mythologique justement rééditée cette rentrée sous la forme d’une intégrale, toujours chez Ankama.
Critique publiée sur Pop Up'.