En tant qu’adepte du 9 ième art et fan de SF (voir Hard SF) j'attendais avec une impatience non feinte la sortie du dernier livre de Mathieu Bablet, et cela d'autant plus que le teasing était savamment entretenu sur Twitter. Les indices me laissaient imaginer un mix entre le Planètes de Makoto Yukimura et l'Universal War de Denis Bajram, une touche d'onirisme en plus, comme Adrastée le laissait transparaitre, ça partait donc plutôt bien!
Pourtant à l'issue de la lecture de Shangri-la j'étais réservé... En effet si les dessins sont particulièrement travaillés, voir léchés avec un grand niveau de détails, il existe une utilisation parfois outrancière des filtres de couleurs qui tendent à "bruler l'image". C'est certes la patte (eh eh) de l'auteur et cela contribue à l'identité visuelle de l’œuvre mais son recours constant peut conduire à une certaine lassitude et nuit justement au travail de finition minutieux qui s'en retrouve masqué.
De même sur l'intrigue passionnante menée sur fonde de biotech on notera de ci de là un manque de subtilité (le revirement de Scott est spectaculaire par exemple) ainsi qu'une simplicité dans les références que l'on aurait souhaité peut être plus travaillées (je pense au tel notamment) . Enfin si l'univers dépeint est passionnant il n'en demeure pas moins quelques incohérences qui nuisent à la crédibilité de l'ensemble (Comment imaginer par exemple une station oppressante et confinée ou les gens dorment dans des cubes à la Cinquième élément quand il existe par ailleurs des secteurs entiers de la station qui sont désaffectés?)
Et puis le temps permets la décantation de l’œuvre et finalement ces grains de sable restent dans le tamis pour laisser place au message principale, à l'essence du livre, le ressenti d'immensité et la position de l'Homme la dedans. Et cela transcende complètement les écueils mentionnés ci dessus pour laisser une impression définitive, aussi infinie que l'espace qui l'inspire.
Un (beau) livre, de grande qualité qui sans être parfait rejoins les ambitions que l'on pouvait percevoir dans les premières pages. Assurément un grand moment de l'année.