Que dire de cette BD ?
Graphiquement, elle est magnifique. Les décors sont tous absolument sublimes. Les couleurs et les dessins, les détails, tout. Enfin, presque. Tout, sauf les personnages. Les humains. Toujours le même problème avec Bablet : des personnages si peu expressifs, si plats, tant graphiquement que psychologiquement.
Scénaristiquement, c'est très classique. Une société de surconsommation, une dictature, le tout dans un décors de vaisseau spatial SF, c'est vu, vu et revu.
Les messages à faire passer (car il s'agit clairement de ça) sont bons. Dénonciation du racisme, de la haine, du sexisme, de la surconsommation, du danger de la sécurité sur la liberté, bref des bonnes causes de réflexions bien actuelles. Alors où est le problème ?
Oui parce qu'il y a un problème. La manière dont sont délivrés ces messages. C'est LOURD. Il n'y a aucune subtilité. Tous les problèmes présentés sont clichés au possible. Ça donne simplement l'impression que Bablet ne sait pas de quoi il parle, et qu'il reprend une image montée de toute pièce, tirée des médias, de l'imagination collective, et l'utilise pour être le chevalier blanc qui défend la cause. C'est terriblement triste et ça sonne terriblement creux. En particulier et surtout sur des sujets qui ont déjà été traités mille fois avant lui. Le fait que les personnages n'aient aucune profondeur n'aide pas non plus, du tout.
Ah, et la représentation des scientifiques, merci. Je ne dis pas que ça n'existe pas. Mais honnêtement, toute la communauté scientifique unie pour devenir Dieu et créer la vie à partir de rien ? Avec un procédé aussi risqué ? La psychologie, c'est vraiment pas son point fort. Le revirement du perso principal est aussi complètement téléporté. Bref, aucune subtilité. On est presque ravi de la fin du vaisseau et de la Terre.
J'en retiendrais donc une histoire classique, mal servie de par son scénario, ses personnages et ses dialogues (ah oui, les dialogues... mieux vaut ne pas en parler) mais terriblement bien dessinée. Je rouvrirais sûrement Shangri-la pour en regarder les planches magnifiques.