Été 2024, on apprend qu'une collab' se prépare côté Label 619, avec Bablet & Singelin aux manettes: le premier au scénario et le second aux dessins. N'en dites pas plus, la hype monte plus vite que l'ascenseur au 6e et c'est parti avec la précommande du 1er tome. Ça m'arrive rarement de faire ça, mais là, aucune hésitation : bim, bam, boum.
Mathieu Bablet, on ne le présente plus, il a de solides références avec Adrastée, Shangri-La ou Carbone & Silicium. On connaît ses talents de conteurs et sa faculté à créer des mondes à part. Ici, il place sa patte tout en laissant l'espace à Guillaume Singelin pour livrer un sacré taf au dessin. Singelin, c’est the Grocery, PTSD, Frontier… il a ce trait reconnaissable, entre cartoon et manga, et là, on sent qu’il a encore évolué. Les deux artistes avaient déjà collaboré sur "The Midnight Order", une série centrée sur des sorcières, mais avec Shin Zero, ils explorent un tout autre univers: celui des super sentai, ces équipes de super héros en costumes colorés à la Bioman ou Power Rangers (qui est en fait une adaptation américaine d'une série appelée Super Sentai).
Cette BD, c’est sans aucun doute une jolie petite surprise. Un oeuvre qui mixe pas mal d’influences, avec une ambiance bien à part: une sorte de mélange entre le Japon, l’Amérique et l’Europe, sans jamais paraître fourre-tout. Le tout donne un premier tome bien cool qui fonctionne parfaitement. En tout cas, ça pose des bases solides : des persos déjà bien campés, un univers qui promet et un scénario qui laisse entrevoir de belles choses à venir.
Un des aspects qui m’a marqué, c’est cette façon de capter la sortie de l’adolescence des personnages. Leur quotidien et leurs interactions renvoient à des scènes de vie authentiques, comme j'en avais rarement vu en BD, avec un aspect social qu'on retrouve dans certaines œuvres japonaises comme la série de jeux vidéo "Persona", mais ici transposée dans un cadre plus européanisé, rendant le tout plus proche du lectorat occidental.
Et puis, visuellement… c’est du Singelin pur jus, mais avec une jolie évolution. Son travail sur les villes est toujours aussi dingue, on reconnaît bien son style, mais il a gagné en maturité, notamment dans sa façon de dessiner les visages et les corps, plus expressifs et détaillés.
Bref, un gros kiff. Pas un coup de cœur absolu, mais une lecture qui reste et qui bosse en arrière-plan plusieurs jours après. Vraiment hâte de voir où ça va aller.