Publié en 1980 aux éditions Casterman, « Silence » fait partie des œuvres de Comès, né en 1942 dans le canton germanique de la Belgique d’une mère française et d’un père allemand. Il naît donc en plein chaos, bâtard des deux cultures. Il garde de son influence germanique un goût du fantastique.
Cette bande dessinée relate l’histoire touchante mais bien réelle de Silence, le muet. Ce dernier habite chez son sinistre maître Abel, à la campagne, dans le village de Beausonge. Silence est muet et simple d’esprit, il ignore le sens du mot haine mais l’apprendra par la suite grâce à une sorcière qui, par son influence, le rendra plus intelligent. En effet, cette dernière, bien qu’aveugle, tombera sous son charme alors que lui ne peut pas communiquer.
La beauté de cet ouvrage se manifeste par le personnage de Silence affublé de son handicap qui l’empêche de communiquer. J’ai trouvé cela très original et risqué de privilégier un personnage qui n’a pas la faculté de la parole au centre du récit. Aucun dialogue n’est possible, et pourtant l’histoire fonctionne. L’unique biais de la bande dessinée permet, grâce à ces paroles en bulle, de jouer avec n’importe quel personnage qu’il soit sourd, muet, aveugle ou encore paralysé. Concernant le style d’écriture, j’ai trouvé juste fantastique l’effet que produisait l’orthographe inexacte de Silence qui nous amenait à penser que lui-même était simple d’esprit par son orthographe phonétique.
Pour conclure, le Silence est un personnage touchant qui nous emporte dans son monde innocent sous la forme d’une allégorie somptueuse et simple. Il est certes naïf mais, grâce à cette sorcière, il ouvrira les yeux que la sorcière avait perdus.
Cerf Eclopé