Après avoir fait la lecture, un peu dans le désordre il faut le dire, des œuvres de Asano, je ne pouvais qu'être impatient quant à la découverte de ce presque oneshot : Solanin.
Habituellement, l'écriture de Inio Asano nous mène vers une critique, un point de vue mélancolique ou une vision crue de la société japonaise : cf. Errance, Oyasumi PunPun, La Fille de la Plage... Et bien Solanin ne diffère pas trop de ce schéma. Cependant il est bien plus que notable de remarquer que le manga est plus léger que beaucoup d'autres de ses œuvres. En effet, petite histoire sans grandes conséquences avec d'immenses bouleversements, Solanin nous met dans les yeux de Meiko, jeune salarywoman qui s'ennuie dans son univers de bureau. En couple avec Taneda, un freeter de première, musicien passionné et fauché, elle tente de trouver sa voie dans cette société stéréotypée, bornée et intolérante.
Le manga ne va pas toujours au bout de ses idées, mais ce n'est pas le propos. Solanin est avant tout une histoire d'amour, un slice of life qui prend ses racines dans une peinture très réaliste du Japon. Pas besoin de faire du misérabilisme, de la critique à ne plus savoir qu'en faire ou encore du drame social écœurant et pseudo-dénonciateur. Non, ici il faut vivre la jeunesse dans ses doutes, sa légèreté, son insouciance, sa frivolité. On essaie de tirer du manga une vision un peu sectaire du système japonais, tout en se focalisant sur les questionnements d'une jeune adulte à la recherche de sa voie.
Inio Asano récompense notre lecture de son trait original, le même trait qui sait rendre un personnage à la fois enfantin, magnifique, érotique, gênant et hideux. C'est d'ailleurs une chose qui m'a particulièrement frappé dans la lecture de Solanin, le personnage de Meiko tend à ressembler à une enfant assez souvent, ce qui la caractérise bien par son manque de maturité et son désir de grandir par elle-même. Il ne s'agit peut-être pas du dessin le plus précis d'Asano, mais il reste superbe dans ses rondeurs et sa justesse.
Avec une chute à mi-parcours assez impromptue, Solanin sait comment nous surprendre lorsque l'atmosphère du manga sereine. Un événement qui découpe d'ailleurs les deux tomes et qui permet à la protagoniste de grandir et d'avancer.
Solanin reste un manga pour un public assez mature, c'est une belle œuvre dans son ensemble et sa mise en scène saura sans doute vous plonger dans les yeux de ses personnages. Encore une fois, merci Asano.