Il est vrai qu'en matière de BD, je place les maniaques du détail au-dessus de tout. Pourtant, cela ne signifie pas que je ne sache pas apprécier la stylisation extrême, quand elle est de cette qualité-là. Il y a bien quelques vignettes que j'ai trouvé indéchiffrables, principalement en raison de l'épaisseur du trait au regard de leur taille réduite, mais, pour le reste, le dessinateur a su traduire des scènes très complexes en volumes relativement simples, sans qu'elles perdent leur expressivité. Chapeau. Malgré tout, c'est le scénario qui emporte mon adhésion la plus massive : une histoire dense et élégamment menée, qui embrasse l'histoire de la conquête spatiale en lui mêlant des prospectives vraisemblables. Ça pourrait partir dans tous les sens, mais non, c'est suffisamment serré pour qu'on s'y retrouve en dépit de la complexité du récit. Et les personnages sont attachants, ce qui ne gâche rien, malgré l'incompréhension qui les sépare. On retrouve ça et là des éléments qu'on a déjà vu dans des séries ou des films, mais ça reste suffisamment remanié pour ne pas avoir l'impression de redite qui accompagne parfois certaines intrigues téléphonées d'avance. Bref, de la belle ouvrage, originale et touffue, qui mérite qu'on lui consacre quelques heures ensoleillées dans son transat en ce début d'automne.