Deux casses pour le prix d'un.
Après le lamentable "Le Troisième Jour", la série "Le Casse" remonte la pente, et nous livre un opus réussi, et imaginatif en ce qu'il évite de loin l'écueil attendu des braquages de banques et autres marseillaiseries sauce Luc Besson.
Par la grâce de flash-backs variés où s'entremêlent de manière plaisante textes et images, on voit se mettre en place une série de convoitises polarisées sur le produit d'un casse effectué en 1964 par des malfrats. Donc, on est au deuxième degré du casse. Sur cette trame viennent s'imprimer les descriptions de conflits, de violences et de tensions qui donnent un forte saveur noire à ce récit. Disons seulement que la principale confrontation a lieu entre une brute épaisse meurtrière, un gros black condamné à perpète ou presque, et un frêle jeune homme que l'on enferme dans la même cellule, l'exposant à être massacré par le monstre noir, qui n'en est pas à son premier nettoyage de compagnon de cellule.
Parmi les surprises charmantes de ce récit, le gros black ("Soul Man") est un fan de musique soul, dont il fait plusieurs apologies quand même un peu teintées de racisme ("Nous sommes le peuple noir. Nous avons le beat, le funk, le groove...Appelez ça comme vous voulez, la pulsion du rythme, la pulsion de vie, que vous n'aurez jamais." - Planche 18). Entre deux recadrages de profil de ses voisins, ce marteau-pilon raffiné se laisse aller à narrer sa passion pour James Brown, Sam Cooke, Jackie Wilson, Otis Redding... Des extraits de chansons émaillent le récit.
Sans qu'on ait grand chose à dévoiler de cette intrigue suffisamment perverse pour réserver des coups de théâtre, il suffit de savoir que le fait d'engager des hommes de main pour un casse n'est pas forcément une opération rentable, et que la musique soul n'est pas une simple fantaisie destinée à aérer le scénario...
Vaut la lecture.