Poupées dociles ou presque...
On craint toujours qu'en partant du thème très érotique de la poupée artificielle conçue pour l'assouvissement des désirs masculins, on n'enchaîne par brochettes de piteux récits pornographiques ou sado-masos. Circonstance aggravante : cet album est une collection de contributions de divers auteurs sur le thème des Skydolls, et l'on sait que ce genre de production lasse vite par sa répétitivité, quand elle ne se révèle pas gravement inégale, ou carrément ratée.
Soulagement : Alessandro Barbucci et Barbara Canepa, en prenant les scénarios en mains, ont su garder l'unité de l'album et l'atmosphère d'origine. Chaque récit est graphiquement très soigné, voire recherché, et mérite une certaine attention. L'histoire commence par une double page qui annonce le ton graphique général, stylise sous forme de logos certains éléments présents dans la narration, et présente une brève citation tirée du récit lui-même. Jolie mise en scène / générique de début.
"La Bambola" nous fait visiter les ateliers de fabrication des divers modèles de Skydolls, et nous renseigne sur le triste sort de certaines poupées ratées... Décors particulièrement soignés dans une atmosphère d'écrans virtuels.
"Bang Bang", en couleurs directes et légères, fait le récit westernesque d'une bande de dolls qui cherchent à se débarrasser de crapauds suceurs de pis des vaches qu'elles élèvent. Marrant et surréaliste.
"Voodoo Child" , sensuel et sexy, met en scène des strip-teaseuses qui veulent secouer le joug de leur patronne en pratiquant la magie noire. "Lady Cub Driver" (trait nerveux, superbe atmosphère de métropole nocturne) traite d'une conductrice de taxi futuriste qui trimballe des clients et des objets pas très clairs... "Like a Virgin", mélancolique et romantique, parle de l'amour d'un adolescent pour un prostituée qui assure des séances sado-maso pour un public de prélats (beaux jeux sur les rouges, les noirs et les bruns délimités par un trait sûr).
"Smoke on the water" (appétissantes couleurs dans un style plus enfantin et plus pervers) conte l'aventure onirique d'une doll qui s'en va chercher la couronne d'un Dieu au final assez peu reconnaissant...
L'album se clôt sur les essais de personnages par divers dessinateurs. Soigné, voluptueux. On y prend des leçons de dessin et de ce genre de perversion qu'on devrait détester, mais qui fait tellement de bien...