Avec Un Jour de plus, J. Michael Straczynski, Joe Quesada, et Ron Garney signent l’un des récits les plus controversés de l’histoire de Spider-Man. Mais cette fois, l’homme-araignée ne se bat pas contre un super-vilain ou un alien géant : il affronte un choix narratif si malvenu qu’il pourrait faire frémir le Bouffon Vert lui-même. Résultat ? Une intrigue qui laisse autant de fans sur le carreau que de questions sur le sens de la continuité.
L’histoire démarre avec un Peter Parker au bord du gouffre. Sa tante May est mourante, victime d’une balle perdue après que Peter a révélé son identité pendant Civil War. Pour la sauver, il pactise avec Mephisto (oui, le diable en personne) dans un deal qui efface son mariage avec Mary Jane de l’histoire. Résultat : un reboot déguisé qui rend un énorme "reset" à sa continuité… au prix de sa logique.
Spider-Man, héros symbolique de la responsabilité et des conséquences, est ici réduit à un protagoniste qui fuit ses propres principes. Le Peter Parker qui accepte de troquer son mariage contre la vie de sa tante ne ressemble guère au héros que les fans adorent. Ce choix, censé être poignant, sonne faux et trahit l’essence même du personnage.
Narrativement, Un Jour de plus est une série de décisions qui oscillent entre la maladresse et le grand écart éditorial. L’enjeu – sauver May – aurait pu être traité avec subtilité, mais la résolution magique via un contrat faustien détruit toute gravité émotionnelle. Mephisto, plus caricature que menace crédible, ajoute une couche de ridicule à un scénario qui aurait dû être un drame déchirant.
Visuellement, Joe Quesada et Ron Garney livrent des dessins compétents, mais qui peinent à rattraper l’intrigue. Les planches manquent de l’impact émotionnel nécessaire pour porter une histoire aussi audacieuse (et bancale). Même les scènes censées être symboliques, comme l’effacement du mariage, manquent de puissance visuelle pour rendre justice à leur importance.
L’un des plus grands reproches à Un Jour de plus est son impact sur la continuité. En effaçant d’un coup de gomme des décennies de développement entre Peter et Mary Jane, l’arc a été perçu par beaucoup comme un retour en arrière inutile et irrespectueux pour les lecteurs investis. Ce reboot masqué, censé rendre Spider-Man plus "accessible", donne surtout l’impression d’une manipulation éditoriale forcée.
En résumé, Un Jour de plus est une tentative maladroite de réinitialiser Spider-Man, mais qui trahit l’essence du personnage et l’intelligence de son lectorat. Avec une intrigue bancale, des choix narratifs douteux, et un impact éditorial controversé, cet album s’inscrit plus comme une leçon de ce qu’il ne faut pas faire que comme une œuvre mémorable. Un jour de plus ? Pas sûr que les fans en redemandent.