Avec Stardust Crusaders (1989), Hirohiko Araki propulse JoJo’s Bizarre Adventure dans une nouvelle dimension : celle des Stands, ces manifestations spirituelles aussi stylées qu'imprévisibles. Ce troisième acte de la saga est à la fois un road trip délirant et un tournoi de combats sous acide, où chaque épisode rivalise d’inventivité... et parfois de pure folie.
L’histoire suit Jotaro Kujo, un lycéen stoïque au charisme glacial et à la garde-robe inspirée d'un capitaine de croisière, qui part en quête pour sauver sa mère en affrontant l'ennemi juré de sa famille, Dio. Et comme si affronter un vampire immortel ne suffisait pas, la troupe se voit forcée de traverser la moitié de la planète en résolvant des énigmes et en combattant des ennemis dotés de Stands aussi loufoques que dangereux. Spoiler : oui, c’est aussi bizarre que ça en a l’air.
Jotaro est un héros intrigant, mais son flegme légendaire peut le rendre difficile à cerner. Heureusement, il est entouré de compagnons hauts en couleur : Joseph Joestar (toujours aussi rusé et exubérant), Polnareff (le Français qui transforme les combats en spectacle comique), Kakyoin (le tacticien mystérieux), et Avdol (le sage du groupe). Ensemble, ils forment une équipe dysfonctionnelle mais attachante, prête à affronter des orangs-outans pervers et des bébés meurtriers. Oui, c’est du JoJo.
Côté combats, Araki passe la quatrième vitesse. Chaque affrontement est une bataille de cerveaux autant que de muscles, où les Stands rivalisent de pouvoirs absurdes : de Star Platinum et sa précision chirurgicale à The World et sa maîtrise du temps, chaque Stand est une surprise qui pousse les limites de l’imagination. Mais cette inventivité peut aussi devenir répétitive, car le schéma "nouvel ennemi, nouveau combat" finit par s’essouffler, surtout au milieu de l’histoire.
Visuellement, Araki trouve son style emblématique. Les poses exagérées, les designs audacieux, et les décors ultra-dramatiques transforment chaque page en un tableau digne d’un musée (si ce musée était dirigé par quelqu’un avec un goût prononcé pour le bizarre). Cependant, certaines cases sont si denses qu’elles peuvent être difficiles à déchiffrer pour les novices.
Si Stardust Crusaders brille par sa créativité, son rythme inégal peut freiner l’enthousiasme. Les moments épiques, comme l’affrontement final contre Dio, cohabitent avec des épisodes qui ressemblent à des fillers avant l’heure. Mais même dans ses creux, le manga reste imprévisible et follement divertissant, grâce à son ton décalé et à des personnages qui semblent sortir d’un rêve fiévreux.
En résumé, Stardust Crusaders est une étape charnière dans l’univers de JoJo. Hirohiko Araki y affirme pleinement son style, mélangeant combats stratégiques, humour absurde, et moments de pure tension. Si la structure peut sembler répétitive, l’énergie et l’audace de l’œuvre suffisent à la porter. Un road trip aussi étrange qu’inoubliable, où l'on apprend qu'il n’y a pas de limite à l’étrangeté… ni aux poses dramatiques.