L'enfer est pavé de bonnes intentions

À la première lecture de Superman : Red Son, on ressent deux déceptions. En faisant de Superman le héros/hérault du communisme, on espérait avoir un discours politique sur le capitalisme et le communisme, avec un effet de miroir entre ce Superman là et son original, grand défenseur de l'Amérique. Il n'en est rien : comme souvent avec les Comics, le discours est centré sur les personnages et non sur les grands projets de civilisation, la politique, les idéaux. Ensuite, en faisant de Lex Luthor et d'un autre héros ses antagonistes principaux, on pouvait espérer avoir une inversion des rôles, un questionnement : Superman est-il le vilain ou le gentil ? Là encore, le parti-pris est tranché : Il est impossible que des communistes puissent être les gentils de l'histoire, même avec Superman. Mieux vaut encore s'allier avec Lex Luthor. Terrible.

Pourtant, passé ces déceptions (et ce n'est pas évident tant le pitch de départ est riche de promesses), ce Superman permet finalement de se dire que c'est probablement ce qui se passerait si Superman existait vraiment : demi-dieu, il transformait probablement la Terre en une grande utopie totalitaire, infantilisant et mettant sous cloche la planète toute entière, qu'il soit un communiste ou un capitaliste (le communisme ne sert ici que de réservoir graphique, comme un langage communément admis sur les symboles de la dictature). C'est ce qui est le plus intéressant dans le Comic : l'ascension inarrêtable d'un homme qui subit presque sa propre nature (Il semble ne pas vouloir transformer le monde tel qu'il est, dépassé par ses super-pouvoirs. Pétri de bonnes intentions, il transforme le monde en enfer). Dans un ultime cliffhanger, magistral par ailleurs (même si terriblement expédié), Superman prouve que le monde ne sera jamais plus le même, à jamais, quoiqu'il fasse. Comme s'il avait condamné la Terre.
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le 29 août 2014

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le 29 août 2014

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