La frontière est mince entre les clichés et les hommages. Sykes remplit toutes les bonnes cases, quitte à ne pas prendre de risque. En premier lieu, le personnage principal est un Marshal qui traîne derrière lui un passé assez traumatisant pour le motiver à rester le plus performant de sa profession. Cela tombe bien, il poursuit une bande de malfrats sans foi ni loi qui pille, vole et viole (dans l’ordre ou dans le désordre) tout ce qui se présente sur son chemin. Pour ce faire, il sera accompagné d’un ami qui tire à la chevrotine si on le chatouille un peu trop et en qui il pourra toujours avoir confiance. Vous sentez le petit vent de déjà-vu? Alors je complète le tableau par le “fils” qui va tailler la route avec les deux hommes de loi et leur permettre par la même occasion de construire une petite relation père-orphelin qui va toujours bien.
Certes, ce classicisme manichéen et sans surprise n’est peut-être pas très séduisant sur le papier mais quand il est accompagné de dessins qui sentent bon l’Amérique, avec un grand “A”, comme dans “armes à feu”, cela passe tout de suite mieux. Le rythme de l’intrigue est vraiment très maîtrisé et les échanges entre les personnages se font à coups de dialogues plutôt bien écrits. J’ai d’ailleurs l’impression que Kaamelott est passé par là, et a laissé des traces dans le côté un peu anachronique des réparties et du langage utilisé.
Un petit bémol cependant, et je vais rester volontairement flou pour ne pas spoiler. Dans la dernière partie du récit, et après un climax complètement raté, on sent vraiment l’épilogue ajouté à la truelle. Comme si l’ambition était de faire de Sykes une saga, et qu’à la dernière minute, la décision fut prise d’en faire un tome unique. Les dernières pages ne sont clairement pas à la hauteur du reste et ne servent, à mon humble avis, qu’à ajouter un effet facile, qui serait éventuellement passé s’il avait été un peu plus subtil.
Néanmoins, si comme moi, vous aimez les Durango, les Blueberry et les westerns en général, vous ne regretterez pas la lecture de ce tome qui en a très bien digéré les codes.