Aaaah il ne manquait plus que ça !
Le voyage dans le temps !
Eh bah voyons ! Déjà que dans n’importe quel autre œuvre de SF c’est souvent l’occasion d’un beau n’importe quoi mais alors quand tu décides de traiter ça dans « Sillage » …
…Attention les yeux !
Et ça ne manque pas.
Déjà sans ça, il est à rappeler que l’ami Morvan aimait bien se faire des petits flash-forwards en début d’intrigue ce qui ne se faisait pas toujours dans l’intérêt de l’œuvre, mais avec cette histoire de voyage dans le temps, ça devient clairement la fête du slip.
Pourtant, quand on y regarde bien, la structure diégétique de cet album est assez simple.
On a juste deux lignes narratives qui s’enchâssent. La première étant celle où Nävis et ses amis viennent en aide au couple de « voyageurs du temps » et la seconde n’étant en fait qu’un gigantesque flash-back que les souvenirs de chacun viennent compléter les uns à la suite des autres.
Eh bien malgré ça, la gymnastique scénaristique se révèle vite fastidieuse à cause de quelques idées foireuses…
…la pire de toute étant cette idée de voyages psychomachin que rend soudainement possible ce bon vieux « Deux Ex Grievousélion » ; ce personnage que l’ami Morvan adore utiliser quand ça l’arrange.
Et voilà comment grâce à « DEG », Morvan parvient à nous faire le bon vieux coup de la scène dont on apprend par la suite qu’elle est la conséquence d’une bidouille spacio-temporelle qui viendra plus tard…
…Rah mais pitié.
Bref pas mal de bordel scénaristique…
…Mais au final pour pas grand-chose.
Bah ouais, pas grand-chose parce qu’à bien tout prendre Morvan ne tire finalement rien de son concept.
L’intrigue est complexe pour rien. Elle subit qui plus est toutes les faiblesses habituelles d’un tome de « Sillage », tout ça pour aboutir d’une manière prévisible, convenue et qui franchement ne fait pas avancer la trame principale de la saga.
Limite, la seule chose qui est à sauver de cette intrigue relève une fois de plus de ce qui ne semble pas être le sujet du tome.
Moi par exemple j’ai bien aimé que désormais – grâce à DEG – Nävis puisse se téléporter (même si je sens déjà à l’avance que la saga va se prendre les pieds avec ce truc-là) et surtout j’ai aimé que ça se fasse en contrepartie d’un service à rendre, notamment celui qui consiste à assurer la reproduction d’une espèce pourtant conçue pour exterminer.
…Mais bon, je ne suis pas dupe non plus : comme avec l’histoire de Ptitcon dont on a appris précédemment qu’il était le fils de Nävis, je suis persuadé que de cette perspective intéressante Jean-David Morvan ne sera pas en mesure de l’exploiter intelligemment.
…
Ainsi voilà que je me rends compte que – l’air de rien – j’approche du dernier épisode sorti en date et qu’en presque vingt tomes, « Sillage » n’aura au final pas raconté grand-chose.
Au fond, la grande question du mystère de l’espèce humaine n’a quasiment pas avancée.
Pas plus que l’histoire des mystérieuses bandes blanches de Nävis.
Pas plus que celle de l’étrange créature qui lui a fait perdre la mémoire dans le tome 10.
Pas plus que la question de la guerre interne au sein de Sillage avec le supradirectoire…
En fait cette saga n’avance pas. Elle ère dans l’espace.
Elle n’a rien à dire. Elle ne va nulle part.
Ce n’est que de la décalcomanie de surface d’autres grandes sagas spatiales, et ça cache son vide derrière sa profusion d’espèces, de monde, et de vaisseaux.
Il me reste donc un tome à m’enquiller.
Et je sais déjà presque à l’avance qu’il n’y aura rien dedans, à par – au mieux – des fausses promesses.
Franchement j’en soupire…