Bien au-delà de qu'il fait avec Titeuf, le trait de Zep sait être sublime comme il l'a prouvé dans Un bruit étrange et beau (2016).
C'est sur cette même base qu'il nous propose une fable écologique, belle et mélancolique :
- Belle car elle est graphiquement réussie.
- Mélancolique car le dessinateur a choisi une palette de teintes monochromes pour distiller, selon les lieux et les heures, des ambiances qui confèrent globalement à l'ouvrage une tristesse douce et fatale. Car le titre annonce la couleur.
Le fond ressemble beaucoup à Ravage de Barjavel (1943).
Sur une base scientifique (les arbres véhiculent des messages par le réseau souterrain et aérien - cf. par exemple ce blog dédié), Zep propose une fiction avec une tension dramatique de toutes les situations (incompréhensions entre personnages, lutte contre un laboratoire etc.).
Dans ce jeu de pistes,
- soit le lecteur se trouvera aspirer dans la mécanique folle de la Nature qui demeure incompréhensible pour l'entendement limité de l'être humain.
- soit il pourra au contraire s'y perdre car certains voies du scénario sont insuffisamment exploitées pour donner du corps à l'ensemble.
(quête amoureuse, passé des protagonistes...)
In fine, en voulant jouer sur tous les plans et en souhaitant rester dans une logique entendable par le "grand public", Zep n'offre pas la radicalité qui aurait abouti à une oeuvre majeure dans sa dimension prophétique.
Il tombe également dans la caricature (personnages, situations, comportements...) qui nuit à l'intérêt de The end face à la complexité des enjeux écologiques.
Quel dommage pour un dessinateur qui s'affirme tout de même de plus en plus comme un artiste complet et engagé (cf. sa participation au documentaire La Puissance de l'arbre).