Ce tome fait suite Deadly Class Tome 2 (épisodes 7 à 11) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 12 à 16, initialement parus en 2015, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Wes Craig, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge. Il contient les couvertures originales de Craig, ainsi que la couverture variante réalisée par Jerome Opeña.


Billy, Maria Esperanza Salazar, Marcus Lopez Arguello, Saya Kuroki, Willie et Lex se trouvent encore en bas de l'immeuble qui sert de repère à Chester Wilson et sa bande. Billy et Saya s'enfuient de leur côté. Maria et Marcus ont été interceptés en sortant de l'immeuble, par El Alma del Diablo et Pale Face, son homme de main qui tient en joue Willie, agenouillé devant lui. Lex survient sur les lieux et se fait abattre, sans avoir le temps de prendre conscience de ce qui lui arrive. Marcus profite du moment de stupeur qui s'en suit pour balancer la tête de Chico sur le tueur : Willie en profite pour lui décocher un coup de pied dans les parties. Maria lance une capsule de fumée, et les adolescents peuvent prendre la poudre d'escampette. Alma del Diablo demande à son frère d'intervenir : Caballo Amarillo sort du camion garé, sur sa grosse moto. Maria & Marcus fuient en courant dans une ruelle adjacente, Marcus pensant qu'il ne sait qu'être une source d'ennuis pour tout le monde. Pale Face est monté à sur la moto, derrière Caballo Amarillo. Il lance un poignard en direction des fuyards : Maria le dévie avec le couvercle d'une poubelle.


La course-poursuite continue : Marcus repère un vélo contre un lampadaire et s'en empare. Maria monte derrière lui, et la course continue entre le vélo et la moto. Marcus dit à Maria de prendre la grenade qu'il a dans son sac à dos et de la lancer contre la moto même si elle se trouve trop près d'eux. Le souffle de l'explosion dévie la moto de sa course et envoie Marcus valdinguer dans les airs. Il reprend ses esprits, se relève et court droit devant, jusqu'à ce que Maria lui intime de monter dans le bus qui se trouve là. Caballo Amarillo a repris ses esprits et reprend sa poursuite, en suivant le bus marqué d'une empreinte de main ensanglantée. Maria et Marcus sont tranquillement dans l'autre. Maria explique à Marcus ce qui l'a attirée en lui : les épreuves douloureuses qu'il a traversées. Caballo Amarillo ne s'est pas fait berner bien longtemps : il a retrouvé la trace des 2 fuyards. Maria Esperanza Salazar l'attend sur un pont au lieu de la chaussée, avec un rideau de flammes derrière elle. Caballo Amarillo fonce droit sur elle, chevauchant sa moto, Pale Face se tenant toujours derrière lui. Alors qu'ils ne sont plus qu'à quelques mètres, Maria se lance dans une danse avec ses 2 éventails. Elle sent la colère et la fureur monter en elle, comme de son côté Caballo Amarillo est habité par la rage. L'impact est imminent.


Alors qu'il pouvait les croire tirés d'affaire, le lecteur se rend compte que le groupe d'adolescents n'a pas pu profiter de l'incendie pour filer en catimini. Ils doivent continuer à se battre contre des individus armés bien déterminés à les tuer. Le lecteur se rend bien compte que les personnages sont à la merci du scénariste qui peut diriger cet affrontement comme bon lui semble. Il commence par prendre la narration au tragique et au premier degré : la mort de Lex, la tête coupée, la soif de vengeance d'Alma del Diablo, la menace terrifiante de Caballo Amarillo. Wes Craig apporte la touche macabre nécessaire : la terreur sur le visage de Willie avec le canon braqué sur sa tempe, le regard figé de la tête grotesque de Chico, le maquillage macabre de Caballo Amarillo. Mais quand même… Caballo Amarillo a l'apparence d'une montagne de muscles chevauchant une énorme bécane. Le coup de la grenade dans le sac à dos est un peu gros. Le vol plané de Marcus sur son vélo semble disproportionné par rapport à la force de l'explosion de la grenade. Le face-à-face sur le pont entre Maria et Amarillo fait duel de western dans la grand-rue, mais pas au soleil. Wes Craig impressionne par sa capacité à trouver le juste dosage entre description, horreur et exagération. En fonction du moment de l'action, il va plutôt appuyer un tout petit peu plus sur l'une de ces 3 composantes, faisant ressortir cette saveur par rapport aux deux autres. Il s'avère encore plus fort quand il arrive à en combiner 2 ou même 3 en même temps. Il faut voir Maria brandissant un éventail enflammé au-dessus la tête d'un ennemi à terre : elle est à la fois très impressionnante en ange de la mort, à la fois un peu trop spectaculaire quand on songe qu'il s'agit d'une adolescente pas bien dans sa tête, à la fois parfaite dans sa posture prête à frapper.


Ce premier épisode fait donc comprendre au lecteur le registre de la narration qui contient une part d'exagération grotesque à des fins comiques. C'est un parti pris risqué : il peut se retourner contre l'auteur et saper l'intensité dramatique, du fait du parfum de dérision. En fait il n'en est rien. Le lecteur se sent toujours autant émotionnellement impliqué dans le mal être de Marcus Lopez Arguello. Cela commence avec son monologue intérieur au cours duquel il est amené à considérer qu'il est la source des problèmes de ses amis, qu'il est le problème lui-même. Cela continue avec le dialogue entre lui et Maria dans le bus. Elle est en train de lui bander la main avec douceur. Il a le visage tuméfié, comme s'il portait sur lui les marques physiques des coups psychiques qu'il a encaissés. De son côté, maria n'est pas mal non plus puisque son visage est maquillé comme pour la fête des morts mexicaine, une image macabre montrant la morbidité qui habite son esprit. Le duo dessinateur/scénariste fait à nouveau preuve de sa synchronisation lorsque Willie conduit un camion comme un chauffard pour aller secourir ses amis : le lecteur retrouve l'emphase sur l'action, répondant aux flux de pensée du personnage, pour le dramatiser sans le ridiculiser. Ils font montre de la justesse de leur sensibilité aussi bien dans les scènes banales que dans les séquences d'action.


Le lecteur sourit en voyant Marcus se prendre d'intérêt pour la jeune femme qui fait la queue 2 personnes devant lui au dispensaire, imaginant quelle maladie elle peut avoir, certainement sexuellement transmissible. La scène est banale, le visage de Marcus prête à sourire du fait de ses mines exagérées, la demoiselle est magnifique même si elle n'apparaît que le temps de 4 cases. Craig & Remender se lâchent lorsque Marcus est en train de triper avec des psilocybes, le temps de 2 pages, permettant au lecteur de se faire une idée compréhensible du type de délire que se tape Marcus, à base de rapprochements visuels improbables, tout en suivant son flux de pensée qui transmet bien les émotions associées à cet état de conscience altérée. Par moment, le lecteur se dit que ces adolescents font parfois preuve d'une maturité adulte dans leurs réflexions, avec un recul sur ce qu'ils vivent dont ne sont capables que des individus plus âgés de plusieurs décennies. À d'autres moments, ils formulent des observations plus factuelles, mais d'une justesse tout aussi pénétrante, entre évidence et sagesse. Par exemple Marcus se disant : pendant chaque période de changement la vie est inconfortable, mais seulement en proportion de la force avec laquelle vous vous accrochez au passé.


Le lecteur se rend compte qu'il est parfaitement à l'aise entre ces différents registres narratifs, comprenant facilement ce qui relève d'éléments factuels, ce qui relève d'un ressenti intérieur, et ce qui relève de l'action hyperbolique pour un divertissement spectaculaire. Comme dans le tome précédent, les auteurs ne donnent plus de détails sur les cours, se focalisant sur l'intrigue relative aux conséquences de la mort de Chico. Marcus et son groupe de potes doivent se tirer des griffes d'Alma del Diablo et de ses sbires. Mais au sein de l'établissement King's Dominion, plusieurs élèves de la promotion entendent bien profiter de ce qu'ils savent sur cette mort pour les faire chanter ou simplement leur nuire. Le tome se termine sur l'annonce d'une épreuve de fin d'année rappelant la spécificité de cet établissement. Tout du long, le lecteur suit Marcus Arguello et son évolution personnelle. Il est amené à expliciter à Maria ce qui est arrivé à ses parents, ce qui rappelle au lecteur qu'il a été traumatisé à vie. L'adolescence est l'âge des expériences et des conduites à risque, et Marcus ne fait pas semblant avec une fibre autodestructrice affirmée. Il essaye donc les produits psychotropes avec libéralité, ainsi que le sexe occasionnel, y compris sous influence. Ses amis attirent son attention sur la dégradation de son comportement ce qui ne fait que renforcer sa paranoïa, effet secondaire naturel de sa consommation de substances prohibées. Dans le même temps, cette paranoïa le rend également suspicieux vis-à-vis de l'établissement et l'amène à se poser des questions pertinentes, à commencer par le financement de leurs études. Le lecteur ressent que cette série n'est pas qu'un défouloir facile sur le nihilisme adolescent, ni un exercice d'introspection avec une forme divertissante reprenant les questionnements de l'auteur, mais également une vraie histoire avec une intrigue bien ficelée.


Ce troisième tome réussit à la perfection le dosage d'ingrédients qui présentent le risque de se neutraliser quand ils sont maniés par un scénariste et un dessinateur moins expérimenté. Le lecteur se laisse emporter par l'exubérance des situations spectaculaires et l'intensité émotionnelle qui habite ces adolescents abîmés par la vie, tout en se prenant au jeu d'essayer de deviner ce que caché réellement cette école d'assassins.

Presence
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le 25 janv. 2020

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