Un peu de légèreté dans le monde très sombre des X-Men

e tome regroupe le numéro spécial d'origine de l'équipe (paru en 1987, en "prestige format"), ainsi que les 5 premiers épisodes de la série débutée en 1988.


À cette époque, les X-Men ont pas mal souffert à tel point que Kitty Pryde (Shadowcat) et Kurt Wagner (Nightcrawler) sont encore en train de se remettre des blessures reçues dans Mutant Massacre dans la demeure de Moira McTaggert à Muir Island et que les autres X-Men ont péri pendant The Fall of the Mutants à Dallas.


Sur Muir Island, Kitty Pryde a un cauchemar mettant en scène Rachel Summers sur un plateau de tournage de film avec des acteurs incarnant les X-Men qui sont mort à Dallas. Une fois réveillée, elle a toujours aussi peu de maîtrise sur son pouvoir qui la fait devenir intangible contre sa volonté. Lors d'une séance d'entraînement dans une salle des Dangers à Muir Island, Kurt Wagner ne peut que constater qu'il n'a toujours pas retrouvé son agilité d'avant ses blessures. Un peu plus loin, Brian Braddock (Captain Britain) abuse de l'alcool pour trouver une échappatoire à ses responsabilités. Meggan se désole de le voir ainsi se dégrader. L'apparition de 2 factions à la poursuite de Rachel Summers à Londres vont les amener à collaborer ensemble pour défendre cette dernière et à former un nouveau groupe de mutants appelé Excalibur. Par la suite, il leur faut encore capturer les Warwolves, puis se battre contre le Crazy Gang et Arcade.


Alors, bien sûr, ce qui saute aux yeux, c'est le ton plus léger que celui de la série mère des X-Men à l'époque et les jolis dessins bien ronds d'Alan Davis. Il ne faut pas oublier les nombreuses bulles de pensée et les dialogues parfois abondants de Chris Claremont. Alan Davis dessine souvent ses personnages avec le sourire. Les méchants ont une apparence qui prête à sourire, à commencer par le Crazy Gang (Jester, Knave, Red Queen, Tweedledope et Executionner) qui semble tout droit sorti de Alice au pays des merveilles, avec un coté enfantin très agréable. L'autre équipe de zozos extra-dimensionnels allie la loufoquerie avec le merveilleux dans un style mignon à craquer sans être niais, il s'agit de Gatecrasher et son équipe Technet (Bodybag, China Doll, Elmo, Ferro, Joyboy, Ringtoss, Scatterbrain, Thug et Yap). L'amour que porte Alan Davis à ces personnages irradie à chaque case. Il a adopté une mise en page assez dense avec une moyenne de 7 cases par page. Kitty Pryde dispose d'une silhouette de grande adolescente, avec un sourire charmant. Meggan a des rondeurs bien développées avec un sourire pur, et des expressions de désarroi qui donnent envie de la prendre dans ses bras pour la consoler (et de flanquer une baffe à Brian Braddock). Nightcrawler a la grâce aérienne de l'athlète de cirque avec une légère touche d'elfe, et quelques postures qui évoquent Dave Cockrum (son créateur). Rachel Summers arbore le plus souvent sa tenue moulante en cuir rouge et à talons hauts avec un port altier de jeune femme sure d'elle. Chaque page recèle son lot d'inventivité visuelle avec des personnages charmants à craquer. Il faut aussi décerner une mention spéciale aux Warwolves (Bowzer, Ducks, Jacko, Popsie, Scarper et un sans nom) en train de revêtir leur peau d'humain.


Et puis, il y a ce qu'il reste de nos mutants favoris qui ont enfin droit à un peu d'aventures plus légères et plus drôles. Claremont a décidé d'aller piocher dans la mythologie de Captain Britain, période Alan Moore et Alan Davis (épisodes réédités dans Captain Britain). Du coup, le lecteur retrouve des mutants qu'il connaît déjà bien, tout en découvrant des références déjà très riches et pas forcément très accessibles, ce qui produit un fort sentiment de nouveauté et d'évolution. Les aventures contiennent une large dose de bonne humeur avec un dépaysement assez intense. Les relations entre les membres d'Excalibur dégagent des sentiments de camaraderie et d'amitié qui font chaud au coeur.


Mais quand le lecteur prête une attention un peu plus grande aux détails, il constate que Brian Braddock présente les caractéristiques d'un colosse au pied d'argile, que Meggan subit sa vraie nature plus qu'elle n'en profite, que Kitty et Kurt souffre de la culpabilité des survivants et que Rachel reste engluée dans les contradictions et les frustrations générées par sa provenance d'un futur alternatif. Sous des dehors légers et détachés, ces personnages trimbalent avec eux de profondes blessures.


Alors oui, j'ai été touché par le pouvoir de séduction de ces illustrations mignonnes sans être niaises, de ces personnages heureux en apparence et de cette galerie de personnages aussi impossibles qu'irrésistibles. Ce qui me retient de mettre une cinquième étoile, ce n'est pas la qualité du scénario ou des dessins, mais le mode narratif assez lourd en texte et en bulles de pensée parfois maladroites. C'est vraiment cette narration qui date ces histoires dans la fin des années 1980. Claremont abuse déjà dès ces premiers épisodes de ses intrigues secondaires à rallonge avec Widget. Il continue de confronter Excalibur à des menaces improbables dans Two-edged Sword (épisodes 6 à 11 + numéro spécial Mojo mayhem).

Presence
8
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le 18 avr. 2020

Critique lue 54 fois

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