Si "Tokyo, amour et libertés" n'entrera pas dans les annales de la BD, ce sera sans doute la faute à son conventionnalisme et son manque d'ambition.
Dommage car la mangaka Kan Takahama a du talent.
Mais "cette romance politique et sociale" (dixit Le monde) est loin d'un ouvrage tel que "Au temps de Botchan" (Taniguchi)
En effet, contrairement à ce que le sujet laisse penser (une plongée immersive dans le quartier des plaisirs de Tokyo du début du XXème siècle), le livre n'est pas si transgressif que ça.
Les dessins sont de bonne facture . Du coup il est facile de s'attacher aux principaux protagonistes et de suivre le fil de l'intrigue.
Mais vous ne trouverez pas la plongée dans le Japon de l'entre deux guerres que j'espérais :
- peu de description du quotidien des tokyoïtes alors même que le contexte (pré)guerrier d'extension extérieure et d'évolution culturelle s'y prêtaient aisément ;
- les scènes polissonnes se résument à de jolies japonaises dénudées. Mais le livre sera difficilement taxé d'érotique et encore moins de pervers ;
- de ce fait, les évocations des maisons de plaisir n'ouvrent pas de perspectives sur la vie des femmes, que ce soit en terme de sentiment d'exploitation ou de vécu émotionnel ;
- même les complications de la vie des protagonistes ne sont finalement pas très dramatiques. Vous ne risquez pas de verser de chaudes larmes.
Bref l'histoire se cantonne à une tranche de vie familiale sans réelles perspectives historiques et culturelles.