* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *
Je te sauverai, j'en fais le serment ! Peu importe le nombre de fois où j'échouerai... Je suis prêt à recommencer autant qu'il le faudra... Pour réécrire l'histoire et te retrouver un jour ! Rien ni personne ne m'arrêtera !!
Takemichi est un loser de 26 ans, pas de copine, enchaînant les boulots pourris, et s'écrasant devant quiconque lui montre un peu de résistance. Un beau jour, il apprend que son ex-copine Hinata, avec qui il est sorti durant le collège, a été tuée par le gang Tôkyô Manjikai.
Le lendemain de l'assassinat d'Hinata, Takemichi est brusquement poussé sur le quai d'une gare. Mais alors qu'il est sur le point de se faire écraser, le jeune homme se retrouve subitement 12 ans en arrière, à l'époque du collège.
Avec sa capacité à retourner dans le temps, Takemichi décide de tout faire pour sauver Hinata !
Le retour du furyô
Tokyo Revengers commence donc avec un synopsis des plus classique : la capacité de retourner dans le temps et le héros décidant de tout faire pour changer le présent. Un récit déjà vu qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler Erased où le héros va lui aussi chercher à sauver une de ses camarades dans le passé. Mais tout ceci mis à part, Tokyo Revengers va avant tout pleinement assumer son statut de manga furyô (un genre dont vous pouvez retrouver l'historique dans notre critique de l'anime). En effet, en voulant changer l'avenir, Takemichi va rejoindre le Tôkyô Manjikai (ou Tôman en abrégé), le gang qui dans le présent a tué Hinata, son ex-copine.
Et à partir de cet instant, le manga deviendra nettement plus prenant puisqu'en rejoignant ce gang, on découvrira avec Takemichi ses différentes divisions avec chacune leurs membres actifs et les conflits en interne que notre héros cherchera à résoudre de la manière la plus pacifiste possible afin de réussir à changer l'avenir. On découvrira donc des personnages nettement plus charismatiques que le héros et une intrigue qui se déroule sans temps morts et qui amènera des nouvelles répercussions dans le futur modifié. Takemichi, qui aura l'occasion de retourner à son époque à plusieurs reprises, découvrira que les actions qu'il pensaient bénéfiques viendront parfois au contraire empirer son quotidien, l'obligeant continuellement à chercher qui tire réellement les ficelles dans l'ombre au travers de différentes querelles entre gangs... Enfin ce sera le cas jusqu'au tome 21.
Car il y a un avant et un après le tome 21. En effet, le tome 21 aurait pu signer la fin de l'œuvre avec une conclusion complète et satisfaisante pour chacun des personnages. Mais en raison d'une popularité soudaine suite à son adaptation en anime, le manga poursuit sa route pour une dizaine de tomes supplémentaires. Et à partir de là, l'œuvre qui ne brillait déjà pas par sa cohérence scénaristique ou son haut niveau d'écriture devient désormais un pur nanar dans lequel les personnages n'ont plus la moindre once de réflexion, cet arc final improvisé n'ayant que pour seul but de rendre enfin Takemichi badass pour aboutir à une conclusion vue et revue.
En résumé, l'histoire de Tokyo Revengers, bien qu'elle comporte plusieurs défauts que j'aborde plus bas, est on ne peut le nier, réussie ! Le manga est captivant avec ses nombreux mystères et retournement de situation, mais pour ma part cela aurait eu malgré tout bien plus de sens que celui-ci s'arrête au tome 21 tant la suite n'apporte rien de plus si ce n'est des éclats de rire.
Un personnage principal secondaire
Si Tokyo Revengers brille, c'est bien grâce à ses personnages tous dotés d'un charisme inégalable... Enfin pas pour tout le monde.
Takemichi (Takemicchi/ Takemichou dans le Tôman), ou Takemichiale comme j'aime le renommer, est donc un jeune adulte de 26 ans qui se retrouve à l'époque du collège. S'il a pour motivation de sauver Hinata, il faut le dire, il ne brillera pas toujours par son courage. En effet notre héros sera souvent plus prompt à chialer qu'à se bouger. Mais s'il est plus dans la passivité que dans l'action, cela peut néanmoins se comprendre vu que le gars a 26 ans et préfère donc discuter calmement plutôt que de se bastonner avec des gamins de 14 ans. Mais malgré tout, au milieu de tous ces personnages bagarreurs, Takemichi sera parfois franchement chiant, pleurant souvent pour un rien et peinant à simplement foncer dans le tas. Et si Takemichi évoluera - très tardivement -, il faut tout de même avouer qu'il ne sera jamais vraiment un héros. Takemichi se contentera de n'être qu'un personnage secondaire qui cherchera à aider les autres, les conseillant pour éviter de faire des conneries avec certes quelques rares moments badass. Et c'est seulement une fois que l'on a compris ça que le personnage devient plus supportable – mais chiant quand même –. Ainsi seul le dernier arc fera de lui un vrai héros de shônen, à savoir déterminé, badass et prêt à se battre pour sauver tous ses amis.
À ses côtés, on trouvera Chifuyu, un membre du Tôman qui deviendra son bras droit, et ce personnage est absolument génial ! D'une part il parviendra à rebooster Takemichi lorsque celui-ci sera sur le point d'éclater en sanglots, d'autre part il saura aussi l'épauler dans les moments les plus critiques sans jamais lui poser de questions. Jusqu'au bout, il lui restera fidèle. Un vrai bro !
Enfin penchons-nous sur les membres fondateurs du Tôman, à commencer par Sano Manjirô surnommé Mikey, un jeune garçon de 14 ans qui sous ses airs de gamin rêveur sait se battre et aspire à une nouvelle ère prospère pour les furyô ! Un jeune homme qui n'a pas eu la vie facile mais qui en impose dès qu'il est dans la place. Un grand chef bien que très impulsif puisqu'il va souvent agir sous le coup de l'émotion. On retrouve à ses côtés Ryûguji Ken surnommé Draken, un jeune paumé lui aussi mais qui est prêt absolument à tout afin de protéger Mikey et les idéaux du gang. Draken c'est le personnage cool, voilà tout. Ainsi ce duo éclipse les trois quart des personnages dès que l'un d'eux est dans la place.
Parmi les autres membres du gang, on aura les 4 autres membres fondateurs du Tôman, à savoir Mitsuya qui doutera d'abord de l'utilité de Takemichi et cherchera donc à le booster sur le champ de bataille. Mais aussi Pachin qui préfère combattre plutôt que de chercher à discuter. Ou encore Baji et Kazutora, deux anciens membres qui ont quitté le gang dans des circonstances troublantes.
Difficile également de ne pas parler d'Hinata, la copine de Takemichi qui est une jeune fille à première vue assez courageuse, n'hésitant pas à remettre Mikey à sa place et cherchant sans cesse à protéger Takemichi. Néanmoins, ça c'est dans le premier tome, puisque très vite Hinata se retrouvera à faire de la figuration et à n'être plus qu'un leitmotiv pour le héros. Hinata deviendra donc de plus en plus terne, se faisant notamment éclipser par les autres personnages féminins qui arrivent par la suite et qui auront bien plus de charisme, dommage...
On peut également citer son frère Naoto qui sera d'une grande aide pour Takemichi. Lieutenant dans la police, celui-ci lui fournira de nombreuses informations sur les membres du Tôman mais aussi sur l'histoire et la formation du gang, permettant ainsi à Takemichi de comprendre quels événements modifier ou réparer dans le passé afin d'obtenir un futur prospère.
Les personnages de Tokyo Revengers sont donc réussis. S'il est vrai que Takemichi est un protagoniste que je trouve effacé et particulièrement pénible, ce sera néanmoins tout l'inverse pour le reste du Tôman qui brille par ses différents membres tous éclatant de charisme. Au contraire d'ailleurs de la bande potes de Takemichi qui apparaît au début du manga et où tous auront bien du mal à se démarquer, Atsushi étant le seul qui aura un véritable rôle dans l'intrigue au final.
Des batailles, du sang, et des incohérences
En ce qui concerne le dessin, si il est assez classique en matière de découpage, il est malgré tout géré efficacement dans les scènes de batailles avec des planches percutantes montrant toute l'intensité des bagarres et des coups de poing qui pleuvent, du pur shônen comme on aime ! Et c'est sans compter le chara design des personnages qui sont tous réussis. Que ce soit le personnage secondaire qui n'apparaîtra que dans 3 cases ou un des personnages primordiaux comme Mikey, tous sont facilement reconnaissables et ont une patte qui les rend attachant dès le premier coup d'œil.
Mais si Tokyo Revengers peut s'enorgueillir d'avoir remis le genre du furyô au goût du jour, on ne peut nier à côté de ça d'immenses lacunes, à commencer par celle qui concerne l'âge des protagonistes. En effet tous les personnages sont âgés d'environ 14 ans, si bien que la première question qui vient en tête est : Que font les adultes ? Car on ne parle pas de petites bagarres de collégiens mais bien de grosses rixes entre des centaines de gosses dans des chantiers abandonnés ou en pleine nuit au pied des immeubles, sans que jamais aucun adulte n'intervienne. Cela devient même risible lorsqu'on aborde les débuts de la fondation du Tôkyô Manjikai où Mikey et ses potes conduisent des motos alors qu'ils ont 12 ans ! Des détails, certes, mais qui réduisent la cohérence de l'œuvre à néant, surtout lorsqu'ils se multiplient comme avec Takemichi qui peine à se souvenir de ses années collège. À seulement 26 ans, il fait déjà preuve d'amnésie sévère, et ça avant même ses différents voyages dans le temps !
De plus, si vous avez déjà vu des fictions abordant le thème du voyage temporel, vous connaissez sûrement les diverses règles implicites, comme quoi chaque action dans le passé trouve une conséquence dans l'avenir, qu'il ne faut jamais parler du voyage temporel à quiconque, ou encore que chaque modification créée généralement une nouvelle ligne temporelle... Eh bien sachez que tous ces principes, Tokyo Revengers s'en lave les mains ! Le voyage temporel dans le manga ne fait absolument aucun sens, il existe simplement pour justifier le retour de Takemichi à l'époque de sa jeunesse ! Mais pire que ça, l'auteur se donnera la peine de trouver une justification au pouvoir de Takemichi, et là encore ça devient franchement drôle tant, à l'image du dernier arc, c'est juste là pour être là. Le concept du voyage dans le temps est déjà compliqué en soi mais dans Tokyo Revengers, il demeurera juste incohérent de bout en bout.
On est donc face à un bon manga qui se savoure comme un bon nanar. Il est en soit divertissant et hyper agréable à lire, mais seulement tant qu'on ne se met à pas à réfléchir à tous ces nombreux détails qui mettent la cohérence de l'œuvre en péril tant elle demeure quasi inexistante.
En résumé Tokyo Revengers est un manga divertissant qui aurait pu être un chef-d'œuvre.
Je m'étais arrêté à la première saison de l'anime que j'avais trouvé divertissante mais sans plus. C'est sur les conseils de mon acolyte mimi Mindy qui m'a poussé à continuer en manga que je me suis finalement plongé dedans. Et c'est ainsi que mon avis s'est radouci suite à cette lecture.
Je pense sincèrement que Tokyo Revengers, s'il avait au moins vieilli davantage ses personnages, aurait paru bien plus plus cohérent sur de nombreux aspects. Modifier juste ce détail aurait corrigé énormément de choses... Malheureusement le manga est ce qu'il est, et si l'histoire reste intéressante à suivre, il n'empêche que l'on sort souvent de celle-ci à cause de nombreux passages peu vraisemblables.
Ainsi si vous recherchez un manga purement shônen avec des gangs qui se cherchent et des personnages à la fois cools et charismatiques sans véritablement chercher de cohérence dans l'histoire, Tokyo Revengers est l'œuvre qu'il vous faut !