Transmetropolitan (1997 - 2002) par Xidius
Transmetropolitan, c'est l'art et la manière d'ouvrir grand sa gueule et de vomir à la tronche du monde la haine qu'on lui porte tout en lui balançant aussi férocement ses 4 vérités.
Car si Spider Jérusalem est un vrai salopard et n'hésite pas à traiter tout ce qui bouge et à accessoirement balancer quelques coups d'agitateurs d'intestins de temps à autres (dont on vous laisse deviner les effets dévastateurs, surtout quand celui ci est en mode prolapsus ou volcan intestinal...), le bougre met toujours le doigt là où ça fait mal et se révèle si féroce grâce à son don naturel à toujours dénoncer des problèmes de sociétés graves, voir scandaleux.
Et si il faut admettre que l'on se marre devant cette montagne d'humour noir et de répliques toutes plus impitoyables les unes que les autres (tels que « Si ça ne tenait qu'à moi, vous serviriez tous d'éponges à sperme à des prostituées victoriennes à l'heure qu'il est. » et j'en passe...), la force phénoménale dans l'écriture de Warren Ellis tient du fait que celui ci tout comme son héros n'est pas méchant en vain et dénonce à sa manière des problèmes de notre monde actuel dont la Babylone détraquée dépeinte dans son œuvre n'est finalement que le reflet.
Du coup, même si on se marre toujours en premier lieu (le génie comique du scénariste n'est plus à prouver, surtout après ça et Nextwave...), la réalité nous fait toujours redescendre sur terre et lorsque l'on comprend ce qu'il en est réellement, la claque est déjà lancée.
Au dessin, Darick Robertson fait des merveilles et surcharge son univers crasseux et baisé pour mieux faire ressortir les problèmes évoqués tout en prenant soin de systématiquement mettre l'accent là où il faut et de se révéler aussi pertinent que son scénariste.
En clair, ça fait très mal et vous ne devez passer à côté de ce chef d'œuvre absolu de subversion dont l'actualité, bientôt 10 ans après la fin de sa parution, glace toujours autant le sang que l'humour acerbe et corrosif vous tordra les boyaux. Parce que franchement, lire une telle oeuvre qui affiche fièrement un beau doigt d'honneur avec une fuck you attitude aussi assumée et appropriée, ça deviendrait presque salutaire aujourd'hui.
Comme disent les américains, Absolute Masterpiece.
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