N'étant pas spécialement un grand amateur de BD américaine (plus parce que je ne connais pas bien que parce que je n'aime pas), Trillium est un comics qui m'a attiré avant tout par sa première de couverture. Voir ce personnage cosmonaute à l'envers sur fond noir, et avec pour titre un unique et étrange mot était assez intriguant. Je m'attendais donc à avoir affaire à une histoire de science-fiction originale dans un traitement un peu expérimental du médium.
Pour ce qui est de l'originalité, je n'ai globalement pas été déçu. Le point fort de cette BD repose en effet clairement sur la construction graphique, qui joue habilement sur la position, le sens de lecture et les parallèles/oppositions entre les cases, que ce soit à l'échelle de la planche, d'un chapitre ou même du recueil. Évidemment, l'auteur n'est pas le premier à avoir expérimenter autour de la maquette en BD, et d'ailleurs l'originalité ne dépasse pas l'organisation des cases entre elles (ici pas d'explosions graphique à la Druillet, par exemple), mais chaque bouleversement de lecture est toujours au service du récit et sert à s'en imprégner de manière plus forte. Et c'est franchement efficace, car je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir affaire à une fantaisie graphique qui ne sert qu'elle même.
L'histoire quant à elle aborde les thèmes de la temporalité et de la fin de l'humanité, archi-classique en SF (mais toujours plaisant !), autour d'une histoire d'amour qui se construit petit à petit au fil du récit entre deux personnages issues d'époque différentes. Malgré quelques schémas narratifs un peu trop classiques, c'est aussi un élément tout à fait réussis de la BD, l'auteur maîtrisant habilement les différents parallèles entre personnages et époques, tout en maintenant le lecteur en haleine par une intrigue bien rythmée.
Finalement, si le scénario et l'originalité graphique sont réussis, pourquoi ne pas mettre une note plus haute ? Outre évidemment la difficulté de mettre LA note juste, liée au système de notation lui même (mais c'est un autre débat..), c'est en fait tout simplement à cause du style graphique. Personnellement, je n'ai pas été repoussé d’emblée par le dessin, sinon je suis de toute manière incapable d'apprécier et de finir la BD, mais j'ai vite aperçue les limites du talent de l'auteur et cela ne s'est pas amélioré au fil de la lecture. En effet, j'ai eu franchement du mal avec ce style un peu "brouillon", pour le coup pas aidé par la coloration franchement ratée (mais qui n'est pas de Jeff Lemire) et qui montre ses limites notamment dans le choix des angles de vus et des dynamiques trop simplistes et répétitifs. Pour faire simple, si l'auteur avait décidé de choisir un vrais bon dessinateur pour illustrer son histoire, tout en gardant cette construction graphique encore une fois très réussie, la note de Trillium aurait facilement pu prendre 1 ou 2 points en plus. C'est dommage, car je pense que cette BD aurait pu faire bien plus de bruit par chez nous dans ces conditions.
Malgré tout, je conseille évidemment la lecture de ce comics qui reste plus que bon, et par ailleurs très dense et de belle facture pour un prix honnête.