Par une nuit, Kouji Kabuto aperçoit une lueur dans le ciel, qui s'avère vite un vaisseau venu d'une autre planète. À son bord, un extraterrestre à l'allure humaine, du nom de Duke Fleed et qui fuit la flotte de l'empereur de Véga dont les forces viennent d'anéantir son monde. Recueilli par le professeur Umon, Fleed prend le prénom de Daisuke et prévient sa famille d'adoption que Véga va bientôt envahir la Terre : lui seul peut faire face à cette menace, car il possède la plus puissante machine de guerre de l'univers – le robot extraterrestre Grendizer.
La question qui s'impose, donc, est la suivante : pourquoi Fleed n'a-t-il pas affronté les forces de Véga alors qu'elles envahissaient son monde plutôt que de porter cette guerre sur Terre où elle ne concerne personne ? Et d'autant plus qu'on apprend dès les premières pages de ce manga combien ce conflit se montrera sanglant, ce à quoi Fleed doit bien s'attendre puisqu'il a eu l'occasion de voir son ennemi à l'œuvre : il est bien le seul survivant de sa dynastie après tout... Bref, le scénario ne constitue pas le point fort de ce récit qui, d'ailleurs, et au moins dans les grandes lignes, ne se démarque guère des productions précédentes de Go Nagai dans le genre mecha – qu'il s'agisse de Mazinger Z (1972) ou de Getter Robo (1974), pour citer les plus connues.
À vrai dire, le seul point sur lequel ce titre diffère de ses prédécesseurs concerne l'origine du pilote du mecha vedette de ce récit, puisque c'est à ma connaissance la première fois que le héros qui défend la Terre de l'invasion des extraterrestres en est un lui aussi... Inutile de préciser que ça reste bien assez anecdotique pour ne même pas représenter ne fut-ce qu'une simple évolution du genre. Et si on en juge par le peu d'œuvres suivantes du domaine qui reprirent un tel concept de départ, on peut affirmer sans crainte de se tromper qu'il trouva assez peu d'écho tant chez les auteurs que chez leurs lecteurs, ce qui souligne d'autant plus ses limites. En fait, UFO Robot Goldorak s'inscrivait déjà à son époque dans un registre tout à fait mercantile.
Bien sûr, ceux d'entre nous qui découvrirent au moins en partie l'animation japonaise à travers l'adaptation de cette œuvre en série TV lui réservent toujours une place particulière dans leurs cœurs. Pour cette raison, ils seront peut-être surpris par le niveau de violence tant physique que morale que présente ce manga original et qui, en fin de compte, lui donne une certaine personnalité ; d'un certain point de vue, en fait, ce niveau de maturité dans la facture, tant sur le plan narratif qu'artistique, s'affirme presque comme une seconde spécificité de ce titre en plus de celle que constitue l'origine de son protagoniste principal. Pour autant, il s'agit plus d'une maturité dans la représentation que dans l'idée, de sorte qu'on reste bien dans le shônen...
Mais quiconque connaît ses classiques ne s'étonnera guère de voir que l'œuvre originale dépasse son adaptation, bien plus grand public de par son support même – c'est devenu un truisme. Voilà pourquoi les fans de la première heure voudront peut-être se pencher sur ce titre : pour y trouver quelque chose de nouveau, ou en tous cas d'inattendu – ce qui reste assez différent. Mais ce sera aussi l'occasion de se rendre compte que l'univers de Goldorak s'avère en fait plus vaste que ce qu'on croit souvent : ici, en effet, Mazinger Z et Great Mazinger font quelques apparitions, impliquant ainsi que les principales séries de mecha de Go Nagai se situent toutes dans la même réalité fictive – fait qui en surprendra certainement plus d'un.
Ce qui souligne d'autant plus le parallèle, déjà évoqué dans ma chronique du manga de Mazinger Z évoquée plus haut, entre les « super robots » nippons et les super-héros américains qui, eux aussi, fréquentent tous ou presque un même continuum, en général du nom de leur éditeur respectif : pour certains lecteurs, c'est un gage de qualité ; pour d'autres, par contre, c'est la preuve d'une forme de répétitivité sur le plan narratif et d'une certaine simplicité sur le plan des idées que beaucoup trouvent vite assez lassantes...
Mais même si c'est le lot de toutes les productions populaires destinées à un public peu exigeant, ça ne les a jamais empêchées d'exister ni de perdurer – la preuve : plus de 30 ans après, Goldorak est toujours là.