Un manga avec du Cornofulgure dedans.

Si il aura fallu quatre ans pour voir le dessin animé arriver en France, le manga aura mis pas moins de quarante années pour sortir enfin dans nos contrées ! Dernier volet de la trilogie de robots de Go Nagaï (après Mazinger Z et Great Mazinger), je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter Goldorak, mais je vais vous parler des différences entre le manga et le dessin animé, et autant dire qu'elles sont nombreuses !

Commençons par le dessin ; ne vous attendez pas à voir du Kazuo Komatsubara ou du Shingo Araki, c'est du Go Nagaï pur jus, c'est donc assez rétro dans le style (on dirait Osamu Tezuka), voire vieillot, on peut le dire. Mais il y a une chose étonnante à souligner, c'est qu'il dessine mieux les robots que les êtres humains, tout en leur donnant une caractéristique très intéressante. Ainsi, Goldorak, ainsi que les autres robots sont représentés comme si c'étaient des êtres humains qui se battraient, avec notamment du sang (sans doute de l'huile) qui sort de leurs blessures et qui les amochent pas mal. Cette idée n'existe pas dans le dessin animé, et je trouve que c'est très intéressant pour personnifier davantage les robots.

Quant à la violence, elle est réelle ; pour qui a déjà lu du Go NagaÏ, ça ne le surprendra pas, mais pour les profanes, il est étonnant de voir des corps ensanglantés, des gens morts écrasés, et même les robots sont presque mécaniquement décomposés quand ils sont vaincus. Le sommet étant le dernier chapitre, où ça confine presque à l'horreur pure et simple.

Sinon, il faut dire que le manga et le dessin animé ont démarré en même temps au Japon, et que si origine il y a, elle vient de Bandaï qui voulait vendre encore des jouets après le triomphe Great Mazinger, diffusé peu après. Ce qui explique en partie pourquoi le manga est assez bref (un seul volume de près de 300 pages), comme si il voulait mettre en avant son pendant animé.

Dès le début du manga (qui comporte 5 chapitres), on voit Goldorak, avec Actarus à son bord, fuir Euphor, poursuivi par des Golgoths, et qui va atterrir au Japon, sous l’œil d'Alcor. Ce dernier va vouloir savoir qui est ce fameux pilote casqué, et va finalement combattre les forces de Vega à ses côtés.
J'utilise les noms français, car l'éditeur a fait le juste choix d'utiliser tous les termes utilisés depuis la diffusion à la télévision ; ainsi, on a Goldorak à la place de Grendizer, Actarus et non Duke Fleed, Astérohache au lieu de Double Haken et ainsi de suite... Goldorak est une série tellement reconnue ici que j'aurais mal vu l'utilisation de termes japonais. J'en profite pour saluer la très bonne version française, éditée par Black Box, qui reprend les (quelques) pages couleurs, et la qualité globale de l'ouvrage.

Les deux derniers chapitres seront consacrés à un cross-over avec Mazinger Z/Great Mazinger, tandis que les précédents font intervenir le meilleur ami d'Actarus, Pollux (qui est présent à la fin de la série animée) et plus généralement le combat de Goldorak contre les forces du mal.
D'une manière générale, les personnages sont globalement identiques à la version animée, sauf Actarus qui me semble un peu plus cruel avec ses ennemis.

J'avais déjà feuilleté ce manga dans sa version japonaise en ... 1995, autant dire que vingt ans plus tard, il me fait l'effet d'une madeleine de Proust, car je me souviens très bien du choc de certains chapitres (en particulier le dernier, qui va loin dans l'horreur).
Il aura fallu quarante ans pour enfin lire le manga de Goldorak en France, et si on peut regretter qu'une fois encore chez Go Nagai, il n'y ait pas de fin (elle est très ouverte), j'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dedans.
Ceci étant dit, j'ai connu Goldorak étant tout petit, puis les diverses diffusions tv ou dvd, donc j'étais un peu acquis à sa cause. Maintenant, je suis curieux de savoir comment un public plus jeune peut le réceptionner.