Des soirées estudiantines, un week-end à la campagne, des bagarres sur les toits et … la Pipe du Destin.
On retrouve dans cet album un Hyacinthe de Cavallère bien installé dans la grande cité d’Antipolis, quoique dans une situation un peu schizophrénique, où il doit participer le jour à toutes les magouilles et coups tordus de son tuteur Jean-Michel et où il officie la nuit en tant que justicier masqué pour réparer quelques tords. Il en est de même pour ses amours, partagées entre la chaste Elise et l’attirante mais peu recommandable Alexandra, tueuse de son état. Notre héros tente donc dans cet album de rester tant bien que mal du bon côté de la barrière, ce qui est de moins en moins évident, confronté qu’il est à la réalité et à sa jeunesse qui le pousse naturellement vers les tavernes, les copains, les midinettes et les substances qui font rire.
Avec une ambiance estudiantine magnifiquement retranscrite qui fait pour moi tout le charme de l’album, Un justicier dans l’ennui est un tome en tous points remarquable, l’un des meilleurs de la série Donjon Potron-Minet. L’album est plein de duels à l’épée sur les toits, de poursuites et de cascades dans les rues sombres d’Antipolis, de bagarres entre héros plein de panache et méchants plein de fourberies … bref, un vrai régal de lecture. Cerise sur le gâteau, on commence à tisser des liens avec les albums des autres époques et cet opus distille quelques éléments importants pour le background du Donjon : apparition des jeunes Horous et Alcibiade (futurs magiciens du Donjon dans Donjon Zénith), premières constructions à la tour de Cavallère augurant le futur Donjon, etc.
Graphiquement, Blain est dans la continuité de l’album précédent, avec toutefois un trait qui s’est affiné et demeure moins imprécis (bien que restant assez minimaliste, typique du style « Nouvelle vague » dont il est l’un des fondateurs avec Sfar et Trondheim notamment). Le résultat est par conséquent encore plus agréable et fait de cet album une vraie réussite.