C’est marrant, mais il ne m’a vraiment pas fallu longtemps pour ressentir le risque d’usure et de redite dans cette saga que j’affectionne pourtant plus que de raison.
Il faut dire, « Carnardo » c’est surtout une ambiance ; un propos résolument statique qui n’aspire qu’à illustrer une sorte de désabusement généralisé.
Alors oui, ça me plait beaucoup, mais d’un autre côté, à ne faire qu’enchaîner les « stand alones » sans fil conducteur réel pour relier les tomes entre eux, les limites narratives se posent vite, si bien qu’on pourrait penser que dès le Tome 11, le tour ait déjà été fait.
Si je me permets de préciser tout cela avant d’aborder de front ce « misérable petit tas de secrets », c’est parce que je trouve qu’on ne pourra pas reprocher à Benoit Sokal de tenter quelque-chose avec cet album.
Certes, on est toujours dans le stand alone – on est toujours dans l’exploration désabusée de la bassesse humaine – mais cet épisode rond avec la narration habituelle en usant de ce procédé de voyage dans le temps, permettant de suivre tout le parcours d’un vrai faux résistant de la Seconde guerre mondiale, dans tout ce qu’il a de plus pleutre et misérable.
Pour le coup, la thématique est elle aussi nouvelle pour cette saga.
Le traitement adopté à la fois cohérent avec l’esprit de la saga mais aussi pertinent au regard de la période étudier…
Et pourtant…
Et pourtant bah je ne suis pas convaincu.
Franchement, ça ne m’a pas parlé plus que ça.
J’ai l’impression qu’à bien tout prendre Sokal sait comment raconter des histoires mais que d’un autre côté il n’a jamais vraiment grand-chose à dire de véritablement complexe, original et/ou profond.
En gros, je me retrouve un petit peu avec le même sentiment que face à « La Cadillac blanche ».
On sent la volonté d’un discours ; presque d’une satire visant à gratter sous le verni.
Seulement ce discours sonne toujours un peu comme une évidence.
Une sorte de « Bah ouais en même temps tu m’apprends rien. »
Et pour le coup, cet aspect paradoxalement très consensuel et attendu de ce genre de démarche rend le cheminement assez vain.
Et il y a une légère impression de « tout ça pour pas grand-chose » au moment de la conclusion.
Alors après, certes, il n’y a pas de réelle fausse note dans cet album, mais rien qui ne me fasse m’y accrocher non plus.
Un travail convenable donc, mais un peu oubliable me concernant…