Si tu t’apprêtes à lire ces quelques lignes au sujet de l’album de bande dessinée "Un océan d’amour" (2014), de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione, prépare toi à rencontrer une Ida versatile.
Celle-là même qui est tombée sous le charme de cet objet livre épais, lourd. De son titre, dont la graphie n’a d’égal que le tatouage d’un tendre loubard qu’on imagine mener une existence paisible au large d’une côte bretonne. De cette couverture comme une boîte de sardines qu’il nous tarde d’ouvrir…
Tiens, il se réveille et elle lui prépare le petit déjeuner. Bon. À l’ancienne. Et il râle en plus. Ah ces vieux couples… Charme. Fatigue. Sympa le pyjama qu’il laisse trainer par terre… Et qu’elle ramasse en houspillant ?! Mais c’est sa femme, pas sa mère pas vrai ?? Le voilà qui prend la mer.
Ah ce calme des cases sans dialogue. L’imagination qui fait son travail, qui crée les bulles manquantes sans s’en rendre compte. Avec douceur et amusement. Avide de la suite.
Mais oui, bien sûr, évidemment, elle se languit de son homme… Où est-il ? Que fait-il ? L’instinct maternel euh marital pardon qui s’éveille. Quelques considérations écologiques mises en image. Tristesse. Et voilà qu’elle s’affaire, qu’elle prie. Mais qu’est-ce que vient foutre le Che ici ? Elle s’affaire à nouveau. Au moins elle agit, et marque au passage, par des actes simples et spontanés, cette société pourtant si éloignée de sa Bretagne natale. Je m’interroge sur la confusion entre tradition et authenticité...
Lui, il m’agace un peu. C’est marrant, quand la princesse qui attend d’être sauvée est un homme, le personnage nous parait tout de suite plus antipathique. M’enfin, nos constructions sont ce qu’elles sont et la fin à l’intérêt de m’adoucir. L’absence de dialogue donne un écho particulier à l’intimité retrouvée. Et la pointe d’humour finale me fait refermer cette boite de sardines avec un léger sourire mais la certitude de ne pas la rouvrir tout de suite.