Vision, devenu insensible suite à ses diverses aventures, se rend compte qu'il a perdu son humanité depuis trop longtemps, et qu'il se détache peu à peu des gens qu'il côtoie. Comme Ultron avant lui, et Hank Pym encore avant, il décide de braver l'interdit et se crée une famille à son image, dans un petit quartier américain typique. Evidemment, il n'arrivera pas à s'adapter, et il éveillera peu à peu les soupçons du voisinage qui ne voient pas d'un œil rassuré l'arrivée d'un super héros et de sa famille synthétique qui à tout à apprendre de la vie, parfois au dépend des autres...
Vision est un être autoritaire, charismatique, en qui la présence seule en tant que patriarche de cette famille sert de point d'ancrage à son épouse, sa fille et son fils, tous inadaptés et inconscient de la vie. Il ne les a pas crée avec le savoir, mais avec un pattern de savoir qui correspond à leur statut social via ce qu'il croit être l'image idéale d'une famille. La femme est aimante, et se soucie de sa famille. Mais ses limite se font ressentir quand face à un imprévu elle commet des actes irréparables. Sa fille est gentille est attentionnée, comme son fils. Mais à l'école, ils se font charrier pour leur peau rouge, mais sont surtout l'objet de la peur des autres qui voient ces être surnaturels utiliser leurs pouvoirs à volonté (leur père ne leur a pas appris à ne pas le faire) ou rester le regard vide devant un plat qu'ils ne peuvent pas manger du fait de leur nature. Le premier amour et l'amitié leur sont également interdit par un enchaînement d’événements malheureux.
Cette famille fera face à l'incompréhension, et la crainte (pas forcément infondée) des voisins qui tout d'abord curieux se font de plus en plus méfiants puis carrément hostiles au danger que peut représenter un être synthétique dans un quartier classique des Etats Unis. Vision devra faire face avec ses propres contradictions : son besoin de crée une famille pour être normal, mais son incapacité à être autre chose qu'un robot qui joue à l'être humain. Il se rappellera ainsi son amour pour Wanda qu'il a renié et sa première famille (lors du meilleur numéro de la série), le fait que le traitement qu'il subit est injuste alors qu'il a sauvé le monde une trentaine de fois, mais surtout se rendra compte trop tard via l’enchaînement d’événements logiques qu'il ne contrôle rien sur les événements qu'il a lui même crée. Tout perdra de l'importance, et la famille sera soudée non pas dans le bonheur, mais dans l'échec à être heureux.
Pour la partie technique, les dessins sont magnifique et représentent bien le côté ambivalent des personnages. La colorisation (primée aux Eisner Award) apporte d'autant plus d'appui a ce qui semble être la peinture d'une situation à l'abandon plus qu'une bande dessinée super héroïque.
Donc, je recommande fortement.