Sans doute faut-il accepter que nous avons déjà lu le meilleur de Taniguchi, et que chaque nouveau livre du maître du manga "adulte" sera une légère déception par rapport à l'enchantement du "Journal de mon Père" ou de "Quartier Lointain". "Un Zoo en Hiver", auto-biographie des années de formation de Taniguchi comme mangaka commence de manière un tantinet plan plan, le classicisme parfait du dessin de Taniguchi ne contrastant pas assez avec la relative banalité de son sujet. Et puis, et puis, dans les 70 dernières pages, Taniguchi nous sort un somptueux mélodrame en mode mineur, nous révélant que son Art n'a pu éclore que dans la chaleur d'un premier amour, pour s'épanouir dans la tristesse de la perspective de la perte définitive de l'être aimé. A la dernière page, on touche du doigt la tragédie intime d'un artiste qui peut sauver ses personnages dans son monde imaginaire mais sait qu'il ne pourra rien faire pour la femme qu'il aime, dans la "vraie vie". Un livre simple, donc, mais profond... Du Taniguchi, quoi ! [Critique écrite en 2009]