Ce blog BD est mon Figolu de Proust
« Les mecs, c'est comme les biscuits : des fois, il faut manger un Figolu pour se souvenir qu'un Pépito, c'est bon... » - Une fille de ma promo, il y a quelques années
Je me souviens d’un de mes amis d’enfance, qui, du haut de ses huit ans, s’était lancé avec toute son âme dans la bande dessinée. Il avait créé un personnage, « Max », qui vivait toute une série d’aventures. Même à huit ans, je trouvais les histoires de mon copain assez navrantes : mal dessiné, Max avait littéralement la tronche en biais, la langue pendante et bavait un peu. Ses aventures, racontant soit des matchs de football, soit des blagues pipi-caca-boudin adaptées des histoires de Toto, étaient franchement chiantes (surtout qu’on connaissait déjà les blagues de Toto qui se faisaient sauvagement recycler sous le crayon de mon copain). Mais c’était mon meilleur copain qui les avait dessinées, alors je disais que je trouvais ça super (« méga bien », comme on disait à l’époque), parce que sinon on risquait de se fâcher à mort (ça aurait été ballot, on avait plein de bons jeux à deux sur la Nintendo).
Heureusement (et comme on peut s’y attendre de la part d’un gamin de huit ans), cette lubie a disparu aussi vite qu’elle est venue, et je n’ai été obligé de me farcir les aventures de Max que pendant quelques semaines.
J’ai récemment découvert le blog BD « George Clooney, une histoire vrai ». Ca n’a pas été ma madeleine de Proust : ce fut mon Figolu (un truc pas bon qui me donnait envie de vomir, mais que ma mère s’évertuait à mettre dans mon cartable en maternelle). Je n’irai pas par quatre chemins : dire que ce truc est un étron serait insulter la merde. Tout, dans ce blog BD, me rappelle les aventures de Max (c’est mal dessiné, mal colorisé, c’est lourdingue, c’est pipi-caca, l’histoire est nulle, il y a des fautes d’orthographe partout), mais en pire, parce que c’est fait par un adulte qui a toutes ses facultés mentales (permettez-moi d’en douter), il n’y a même pas l’excuse du jeune âge.
Le fait que cette « œuvre » ait une note moyenne sur SensCritique supérieure à la moyenne montre que la bande dessinée va mal, très mal, et que le premier crétin venu peut (tant qu’il est capable de jouer avec dix feutres) se faire passer pour un artiste en jouant uniquement sur le thème « ouais, mais moi je suis pas mainstream, tu vois, je suis trop underground ». Je peux à la limite comprendre le trip régressif « je ressors les BD que je faisais en sixième quand je m’ennuyais en salle de perm’ », j’ai beaucoup plus de mal à comprendre que des gens applaudissent et crient au génie. C’est tout simplement affligeant.