Un jeune dessinateur iranien raconte son pays à travers les pressions et l’emprisonnement qui ont suivi la parution d’un dessin pour enfants mal-interprété, et taxé d’incitation à la haine. Récit autobiographique d’un moment de vie, Une Métamorphose Iranienne témoigne des actes de malveillance quotidiens d’un pouvoir obscurantiste à l’égard de sa population.
Les premiers chapitres sont courts, le récit est rythmé, et le dessin, sobre noir et blanc de caractère, est agréable. Le montage irrégulier des pages, les jeux sur l’interactivité des cases (comme ce personnage dont le bras musclé se découvre armé et ensanglanté dans la case du dessous), tout participe d’un ton particulier, une forme de naïveté qui dissimule, sous-tendue, une intelligente critique, sans agressivité. La lecture se révèle passionnante. Documentaire enrichissant à de nombreux points de vue, le réalisme transparaît toujours derrière la caricature, et donne à voir ce que les médias internationaux ne montrent pas.
Le témoignage de Mana Neyestani raconte la pression quotidienne de l’opinion et du pouvoir sur l’anodin métier de dessinateur, et fait écho aux problématiques de la liberté d’expression de manière universelle. Mais dans le même mouvement, l’auteur passe au crible les disfonctionnements comportementaux du système d’oppression et de répression iranien, et n’oublie pas de raconter l’humain qui souffre derrière l’iranien, sinon soumis, du moins paisible.
Indispensable.
Matthieu Marsan-Bacheré